Fight! Kickers
4.6
Fight! Kickers

Anime (mangas) (1986)

Cet anime n’est pas un anime sur le football. Et c’est d’autant plus étonnant que la version française, probablement traduite depuis l’Italien, nous le vend comme un dérivé d’Olive & Tom ; dès le début du premier épisode, le narrateur nous explique que le héros ressemble à Olivier Atton, et que Rudy est un ancien joueur de la San Francis, l’équipe de Thomas Price. Ce qui n’est absolument pas le cas ! La même technique fût employée à l’époque sur Jeanne & Serge ; quant à savoir si elle avait le moindre effet, ça…

Mais nous disions donc : But pour Rudy n’est pas tout-à-fait une série sur le football. Tout simplement car le sport n’est pas une fin en soi, mais seulement un moyen pour les personnages de progresser, d’évoluer, et de régler leurs conflits. A ce titre, les matchs sont courts et Rudy ne vise pas la victoire à tout prix ; et heureusement pour eux, car ils ne gagnent pour ainsi dire jamais. Si ses amis et lui marquent un but contre une équipe réputée plus forte qu’eux, ils sont contents ; ils se satisfont de peu, et la plupart des affrontements s’achèvent par une défaite ou un match nul.

Cela peut sembler bizarre pour une série où le sport tient une place aussi importante, mais cela montre aussi qu’elle tient à garder un certain réalisme ; avant l’arrivée de Rudy, l’équipe perdait sur des scores extrêmes, et il ne faut donc pas s’attendre à ce que sa seule présence change à ce point leur niveau. D’ailleurs, les autres joueurs ne font pas preuve d’une grande motivation ni d’une assiduité particulière lors des entraînements, à l’exception du gardien ; donc il ne faut pas s’attendre à des miracles. Mais ce style surprend, d’autant plus comparé à Olive & Tom (dont il reprend le concept des terrains courbes).

But pour Rudy ressemblerait plus à une série tranche-de-vie, qui se focaliserait sur un club de football. Celle-ci vise d’ailleurs un jeune public – le manga fût publié dans un magazine pour enfants – et porte un soin particulier aux relations entre les personnages, mais aussi aux relations amoureuses. Évidemment, si vous vous attendez à l’histoire d’une équipe de football qui part de rien pour finir champion national, avec des ennemis charismatiques et une augmentation progressive de la puissance (sans parler des prouesses techniques irréalistes), vous vous êtes clairement trompés d’anime ; c’est pourtant bien ce qu’essaye de vendre le générique français.

Tous ces éléments compris et assimilés, que pouvons-nous dire sur cette série ? Entre nous, j’ai beau savoir que son but n’est pas la victoire des héros mais bien la résolution de leurs problèmes personnels, j’avoue que cela devient malheureusement lassant de ne jamais les voir gagner, mais de s’en satisfaire malgré tout. Certes, l’important c’est de participer, mais il ne faut pas s’étonner que les joueurs se démotivent facilement compte-tenu de leurs résultats.
Les problèmes en question sont souvent basiques, et leur évolution des plus classiques ; or, si nous les mettons de côté, But pour Rudy n’est jamais qu’une série nous expliquant que la meilleure bonne volonté du monde ne suffit pas pour atteindre ses objectifs. Ce qui est vrai, mais il faut bien rêver ; or, elle ne fait pas rêver.

But pour Rudy n’est pas spécialement mauvaise – chaque épisode pris indépendamment des autres nous offre un sympathique divertissement – mais elle peine à accrocher le spectateur en raison de ses affrontements perdus d’avance et de ses thématiques très convenues.
Son seul véritable défaut – puisque nous ne pouvons pas considérer ses parti-pris narratifs comme tel – c’est sa version française. Qu’elle essaye de nous la faire passer comme un simili Olive & Tom alors que les deux racontent leur histoire sur un ton radicalement différent, passe encore. Mais qu’elle rajoute des paroles aux personnages alors qu’ils n’ouvrent pas la bouche, ainsi qu’une voix-off omniprésente qui se sent obligée de décrire chaque scène, non ! But pour Rudy devait à l’origine posséder de nombreux passages touchants, des non-dits, des instants presque contemplatifs, mais tout cela disparait avec la VF, comme s’ils étaient incompatibles avec l’idée que nous nous faisons en France des séries pour enfants…
Ninesisters
5
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le 30 sept. 2013

Critique lue 879 fois

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Ninesisters

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BobHarris
1

Pas tant de buts que ça pour Rudy (si on y regarde bien).

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