Du très bon au début et du pathétique à la fin

Je viens de terminer mon visionnage des quinze saisons d'Esprits Criminels.

Il y a fort longtemps, j'étais tombée sur des épisodes de la 2ème ou 3ème saison et avait été très attirée par le personnage de Reid. Mais la diffusion aléatoire de TF1 m'avait rebutée et fait perdre tout intérêt à la série. Celle-ci étant cependant disponible sur Disney+, je lui ai donné une seconde chance. Et, honnêtement, j'ai dévoré les neuf premières saisons à vitesse grand V.

Entraînée par une dynamique de groupe fonctionnant à plein régime, les membres de l'équipe étant davantage liés par des liens familiaux que par des liens professionnels, j'ai avalé les épisodes avec frénésie. Tous les personnages ont une personnalité propre et les oppositions de certains (Hotch/Garcia ou Morgan/Reid), leurs similitudes (Morgan/Garcia) ou leur complémentarité (Reid/Blake), contribuaient à apporter cette touche de légèreté ou de douceur qui faisait du bien au spectateur compte tenu du sujet principal de la série.

Et cela nous permettait aussi de passer outre les poncifs de la série tels que : le (plus ou moins) dispensable profil devant une foule de policiers qui n'interviendront jamais pour aider les protagonistes ; la fameuse réplique "Ca ne colle pas au profil" ; la confrontation finale (qui dans 90% des cas se finit par une exécution sommaire sans autre forme de procès, parce qu'on est aux USA et qu'on ne sait pas tirer dans un genou ou une épaule) et ces citations de début et fin d'épisode dont on doutera parfois de l'utilité.

Cependant, les départs de Shemar Moore (en grandes pompes avec de très beaux épisodes qui lui sont consacrés) et de Thomas Gibson (glissé sous le tapis et traité avec une maladresse pénible à voir (les scénaristes étaient contents de s'en débarrasser et ça se voit, mais ça ne colle pas du tout avec les relations que les personnages entretenaient avant)) font que, brutalement, tout l'humour de la série disparaît pour ne laisser que son aspect dramatique. De plus, les scénaristes n'ayant plus leur souffre-douleur attitré (Hotch), ils se rabattent sur Reid dont le côté chien mouillé m'a toujours désintéressé au plus haut point. Sans compter qu'un déséquilibre prononcé apparaît dans le groupe, certains occupant tout le devant de la scène (Reid, Rossi, Emily) pendant que les autres se retrouvent poussés dans l'obscurité (Garcia, JJ, Luke, Tara et Matt).

Et puis, surtout, les scénaristes enchaînent les incohérences (pourquoi cette obsession de Lynch pour Rossi dans la dernière saison ?), les absurdités (quel est l'intérêt de ces épisodes avec Barnes en plein milieu d'une saison ?) et les facilités (avec du recyclage de précédents suspects...). Inutile de dire que ça cumulé aux propos au-dessus, ça ruine absolument tout l'intérêt que la série pouvait avoir au début. Tout le suspens, toute la tension, toute l'émotion qui existaient lors des premières saisons ont totalement disparu au profit d'une série générique et fade.

En bref, jusqu'à la fin de la saison 10, ça se regarde avec plaisir. Certes, les épisodes sont interchangeables pour la plupart dans leur construction, mais certains vous prennent aux tripes quand d'autres apportent des scènes ou des répliques mémorables. Les cas présentés sont plus ou moins fascinants pour qui aime le genre et les personnages forment un bon groupe dont il est plaisant de suivre l'évolution. Ensuite, ça n'a plus d'intérêt, vous pouvez enquiller sur une autre série sans aucun remords.