Dragons
6.5
Dragons

Dessin animé (cartoons) Cartoon Network (2012)

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Les séries d’animation adaptées de longs-métrages, ça existe depuis pas mal de temps. Un bon moyen de créer un produit sans trop se casser la tête tout en s’assurant des rentrées satisfaisantes grâce au succès de l’original. Disney était très adepte du procédé dans les années 90 avec des séries comme Aladdin ou Timon & Pumbaa (avouez que ça rappelle de bons souvenirs). Mais, depuis peu, il semblerait que Dreamworks Animation ait repris le flambeau en adaptant Les Pingouins de Madagascar, Kung-Fu Panda et Monstres contre Aliens. Du peu que j’en ai vu, la première série est plutôt sympa, la deuxième potable et la troisième assez médiocre. Quid de Dragons alors ? Les deux longs-métrages sont déjà ce que le studio nous a sorti de mieux au cinéma, ce qui aurait tendance à rassurer sur la qualité de la série. Ce qui pouvait éventuellement inquiéter, c’était justement cet aspect très opportuniste de la démarche. Quoi de plus facile en effet que de reprendre grossomodo l’univers d’un film qui a bien marché pour attirer la foule, et à côté de ça ne faire aucun effort pour assurer un minimum de qualité ? Heureusement, Chris Sanders et Dean Deblois ont gardé un œil sur le projet pour s’assurer du respect de l’esprit du film et de la pertinence de la série par rapport à ce dernier.

Ainsi, Dragons, part avec un objectif clair : servir de pont entre les deux films. Cinq ans séparant le premier opus du second, il était nécessaire de combler ce vide et de nous raconter un peu comment Berk s’est petit à petit adaptée à ses nouveaux animaux de compagnie. Les premiers épisodes mettent par exemple un point d’orgue à nous raconter l’intégration progressive des dragons dans le village viking : comment s’est crée l’académie destinée à les entrainer, comment Stoick, chef du village, a dressé sa première monture… Une belle manière de compléter l’univers du film mais aussi de l’élargir en nous présentant de nouveaux lieux ou des dragons dont la plupart n’étaient qu’évoqués dans le premier film.

La série choisit le modèle « tranche de vie » : grossomodo, chaque épisode raconte une histoire différente, se centrant sur un personnage ou un événement marquant. Ce qui n’empêche pas la présence d’un certain fil rouge. La deuxième saison fait notamment le choix de renforcer la continuité en mettant au premier plan la menace qui pèse sur Berk et la manière avec laquelle les héros s’y préparent. A ce titre, les doubles épisodes sont probablement les plus intéressants, ils prennent le temps de développer des intrigues un peu plus riches et de mettre en avant personnages principaux et méchants. Le ton du film est conservé, on alterne entre légèreté, humour (pas toujours top) et quelques moments plus sérieux, voir carrément touchants.

L’un des avantages d’un tel format est également son traitement des personnages. A ce niveau-là, les deux films restaient très centrés sur Hiccup, son amitié avec son dragon Toothless, et la relation qu’il entretient avec son père. La série permet de mieux cerner des personnages plus secondaires, notamment le groupe de jeunes dragonniers entourant notre héros. On pense à Astrid, qui sert principalement de soutien à Hiccup, tout en ayant ses propres moments de gloire. Fishlegs quant à lui, cantonné au running gag du geek de service dans le premier film, devient l’un des éléments clés du groupe et l’un des plus attachants dans sa relation avec son dragon. C’est plus compliqué pour Snotloud, le gros bras prétentieux avait le mérite de ne pas être trop présent dans les films. Ici, il est plus irritant qu’autre chose avec ses éternelles autocongratulations et son ton moqueur omniprésent (heureusement, les autres personnages partagent notre irritation). Cependant, même lui a droit à de vrais beaux moments, lors d’épisodes lui étant dédiés. Enfin, les Jumeaux font avant tout office de personnages comiques, leur stupidité et leur sadomasochisme constant est fruit de plusieurs gags assez savoureux, même si eux aussi ont droit à des intrigues les mettant en valeur. On retrouve également le brave Stoick, qui en impose toujours autant en tant que chef, son fidèle bras droit Gobber, et une série de personnages inventés par la série, plus ou moins intéressants.

Un bon point par rapport au film est la présence d’une partie de son casting vocal. On retrouve ainsi Jay Baruchel, America Ferrera, Christopher Mintz-Plasse ou encore T.J. Miller, dans les rôles respectivement de Hiccup, Astrid, Fishlegs et Tuffnut. Gerard Butler, Jonah Hill ou Craig Ferguson n’ont quant à eux pas repris leurs personnages (on peut comprendre que leur priorité ne soit pas le doublage d’une série d’animation) mais leurs imitateurs sont très convaincants. Et en pur bonus, on a droit à un méchant doublé par… Mark Hamill, rien que ça. Au cas où vous vous demandiez pourquoi un viking sonnait comme le Joker. Tant que je parle de la bande-son, je mentionne vite fait la musique, fonctionnelle la plupart du temps mais qui a le bon goût de reprendre les thèmes principaux de la partition de John Powell, dans des arrangements simplifiés toutefois.

Arrive alors le gros point de comparaison : l’aspect purement plastique. Dragons 1 (et encore plus le 2) était une vraie bombe, une merveille dans la technique comme l’artistique, atteignant son point culminant lors de somptueuses séquences de vol. On s’en doute, la série n’arrive pas au même niveau. Les animations sont moins fines, certains détails manquent et la mise en scène en général n’a pas la même dynamique. Cependant, de beaux efforts ont été faits, Dragons reste visuellement tout à fait honorable, bien loin de la laideur des premières séries en CGI et surtout globalement plus inspirée que ses concurrents. L’accent a été mis sur les séquences de vol, très réussies, et le design général de la saga est respecté. Bref, la série atteint un niveau plus que satisfaisant, à condition de ne pas attendre la même claque que les films.

C’est un peu comme ça que l’on pourrait résumer cette série Dragons : elle n’atteint pas le niveau des films mais ne cherche pas non plus forcément à l’atteindre. Elle se place plutôt comme un complément agréable, permettant de se replonger dans l’univers qu’on adore tout en l’enrichissant. Ma note peut paraître généreuse, c’est parce que j’ai choisi de noter la série non pas par rapport aux films mais plutôt au plaisir que j’ai ressenti en la découvrant. Car Dragons rassemble tous les ingrédients d’une série d’animation grand public de qualité : divertissante, esthétiquement plaisante, souvent drôle, intelligent et sincère. Il me tarde déjà de découvrir la troisième saison, annoncée pour 2015 et qui devrait directement servir de préquelle au 2e film.
Yayap
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le 1 sept. 2014

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