L dit "Que la lumière soit", et Light fut.

La critique est un spoiler à part entière.

On m'a longuement dit beaucoup de bien de la série Death Note.

Au début, je ne comprenais pas pourquoi : puis en m'y mettant, en m'intéressant à l'histoire, au jeu d'échec qui va crescendo jusqu'à l'affrontement final, j'ai commencé à comprendre pourquoi l'OAV fascinait les foules. C'est simple : Death Note est largement capable de ce que l'on fait de mieux dans les séries à enquête, sans jamais tomber dans le cliché ou les sentiers battus.

C'est un animé qui surprend autant qu'il se réinvente (la plupart du temps) : ses climax à répétition sont fameux, de même que les explications des plans des deux ennemis sont fascinantes. C'est un vrai jeu de dupes auquel on assiste, un combat à mort tout en finesse, où les deux compétiteurs rivalisent d'habileté et de génie.

L et Light, deux grands ennemis unis par une intelligence commune : ils pensent pareillement, sont une seule et même personne. L est l'ange-gardien, Light le démon; l'un épouse la justice des nations, l'autre conçoit sa propre justice expéditive. Ils sont différents, aux antipodes l'un de l'autre, mais pourtant si semblables et complémentaires. Deux âmes soeurs qui s'ignorent.

Une mise en scène dynamique, puissante, qui n'en fait jamais trop et parvient à toujours nous en donner assez, dignement soulignée par une bande son inoubliable, iconique. Excellent travail de doublage, autant en français qu'en japonais, qui mettent en valeur des dialogues passionnants et profonds, à la réflexion intense et à l'écriture aboutie. Tout cela appuie la puissance de l'affrontement entre les deux hommes, sorte de personnification ultime du combat entre le bien et le mal.

Mais forcément qu'avec l'évolution de la série et l'arrivée de nouveaux personnages qu'on ne voyait pas venir, on perd un peu du plaisir procuré par ce mano à mano fascinant. La série reste bonne, mais l'intensité s'est tarie; les personnages sont moins intéressants, les relations qu'ils entretiennent entre eux largement moins recherchées, détaillées, abouties. C'est du travail du surface bien plus qu'une recherche dans le fond, comme pouvait l'être la relation de la haine à l'amour entre L et Light.

N, M, aucun ne lui arrivera à la cheville, et les épisodes commenceront à perdre en intensité, en originalité pour finalement tomber dans une enquête qui avance beaucoup trop rapidement. Faire en 10 épisodes ce que l'on n'est pas parvenu à accomplir en 25, c'est beaucoup trop short. Et cela se ressent dans l'entière seconde partie de la série : le temps étant compté, on brusque les choses, on introduit des personnages à la va-vite, sans prendre le temps de pleinement les développer ou de leur assener une personnalité réellement originale (surtout pour N, le sous L par excellence transmettant un manque de travail flagrant, tant au niveau du design que de la personnalité).

Une seconde partie qui manque donc de superbe, de travail, et se complet dans des enquêtes rapidement expédiées et bourrées d'incohérence : alors que L nous expliquait ses allégations à la perfection, N ne trouve aucune logique dans son raisonnement et nous donne rapidement l'impression qu'il sait que Light est Kira parce qu'il a lu le scénario : ses accusations sans fondement, ses idées sortant de nul part vous mettront rapidement la puce à l'oreille, transformant rapidement le sous-L en sur-L.

Il le surpasse sans que cela ne soit humainement possible : sûrement est-ce dû aux fameux raisonnements sortis de nul part, voire même à toutes ces erreurs que Light commet d'un coup, comme pour réduire la durée de longévité de l'animé. C'est au final très confus, là où la majeure partie de l'oeuvre, largement dominante, prenait un malin plaisir à tout maîtriser de bout en bout, sans ne rien laisser passer entre les mailles du filet.

La mise en scène aussi a évolué, virant vers des effets spectaculaires et tape à l'oeil sans que cela n'impressionne vraiment. Multiplication des ralentis, lumières pétaradantes à tout-va, utilisation excessive du magnifique main-theme de l'OAV marqueront une profonde césure avec la première partie de la série, bien plus dans la retenue et les climax exécutés avec classe et panache.

La fin rattrapera la semi-déception d'une fin de saison un poil longuette mais toujours intéressante par bien des aspects : une conclusion qui confirme toute la puissance du scénario de base, l'intelligence de son protagoniste (l'anti-héros magnifique par excellence), l'efficacité de son propos et ne peut qu'appuyer la réputation de Death Note comme étant l'un des plus grands animés de son genre. Pas forcément le meilleur, mais l'un des plus marquants.