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On n'oublie jamais son premier amour, surtout quand il est bleu

Au royaume consanguin des Isekai, sous-catégorie de l'animation japonaise exploitée paresseusement jusqu'à la nausée (ceci, depuis sa canonisation en tant que genre au début des années 2000, tout s'est à peu près réincarné en n'importe quoi, avec une absence de créativité et de prise de risque frôlant le script écrit par une IA schizophrène), Isekai Ojisan fait office de vilain petit c*nnard, pas le chef de famille qui bombe le torse en tête de table mais le lointain petit cousin un peu gothique qui s'assied tout au bout et se paie silencieusement la tête de cette bande de beaufs (et il y en a !).

Prenant la formule à contre-courant, il re-réincarne un de ces transfuges d'un autre monde au sein du nôtre, avec tous les décalages adaptatifs et superpouvoirs magiques de rigueur, tout en se moquant (avec une gentillesse plus qu'honorable) des codes du cadre narratif dans lequel il s'inscrit, par l'intermédiaire de flashbacks méta de circonstance.

Mais si Isekai Ojisan est une parodie avant tout, sans grand méchant (ou grand gentil, puisque c'est la mode) à terrasser, ni quête épique à accomplir, c'est également, voire avant tout, une belle déclaration d'amour aux jeux vidéo des années 90 en général, et à Sega en particulier - ainsi, à travers eux, qu'à toute une génération d'otakus-gamers désormais vieillissante, tout en restant accessible aux nouvelles par l'intermédiaire du neveu et de son regard pour le moins... dubitatif.

Un authentique animé inter-générationnel, en somme.

Et drôle pour de vrai, ce qui ne gâche rien.

Adaptant au pied de la lettre le mystérieux web-manga du même nom, la série d'animation réussit un double exploit : transcrire à l'écran la dualité volontaire de son style graphique, tantôt sommaire (voire relativement laid), tantôt plus soigné mais classique, d'une part ; et d'autre part, donner du mouvement à certains gags qu'on aurait pu croire intraduisibles à l'écran (même si certains y perdent, cela reste rare, et les dégâts sont moindres).

Aussi est-ce tout juste si on déplorera un découpage différent de son intrigue "fantasy", l'équipe de l'animé ayant pris le parti de séparer les différents arcs (l'Elfe, Mabel, le héros de la légende) au lieu de les traiter de façon alternée comme dans le manga, ce qui peut entraîner parfois un léger sentiment de redondance dans les effets humoristiques, totalement absent de ce dernier (forcément supérieur à tous niveaux) puisqu'ils y sont répartis de façon plus équilibrée, façon running-gags.

En contrepartie, le studio nous livre un tonton plus vrai que nature (jusque dans les intonations de sa voix japonaise, parfaites), tantôt pathétique, tantôt badass, mais toujours authentique et ridicule dans le bon sens du terme, le genre de bon gars qu'on aimerait compter parmi ses amis ; ainsi qu'un générique d'intro blindé de références à faire frémir les vieux de la vieille.

Un OVNI, donc, qui ne plaira peut-être pas à ceux qui prennent l'animation japonaise trop au sérieux, mais qui séduira à coup sûr celles et ceux qui, comme notre héros, en sont finalement revenus.

Liehd
8
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le 15 oct. 2022

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Liehd

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