Se la fera t'il ?

Retombant dans mes travers de curiosité morbide pour les faits divers et autres faits historiques violents, je suis tombé au détour d'une recherche d'un nouveau programme sur Clark, une série pimentée racontant la folle histoire d'un braqueur et tueur atypique. D'un ton humoristique, la série qui se voulait, au travers de son trailer, explicative du phénomène de syndrome de Stockholm, s'est surtout orientée vers le sexe et la dépravation de son sujet pour le rendre "cool" et "fantasmatique". On nous compte alors un personnage irrésistible aux yeux des femmes, un bel homme égoïste et profondément mauvais et roi de la manipulation ce qui lui permet heureusement d'avancer dans un quotidien rythmé par les arrestations, les fuites et les coups d'un soir.

La série est profondément longuée et va de mal en pis. Si on commence au début par nous présenter le personnage et ses premières évasions, on finit dès l'épisode 3 par tomber dans la monotonie maladive du gars qui braque, vit sa vie, se fait arrêter pour finir par s'évader une nouvelle fois. Le problème étant d'ailleurs que la série s'appuie à la fois sur du vrai, mais surtout du faux rapporté par le vrai Clark ce qui la rend vraiment absurde. Le syndrome de Stockholm, quant à lui, tient en 10 minutes sur un post-it du braquage de la Banque, et ce, au travers de l'intervention pathétique façon caméo d'un psychologue nous comptant brièvement ce que cela signifie. En clair, cet aspect de la série n'était qu'un prétexte pour créer une autre série mettant en scène un tueur, genre à la mode faisant polémique et donc faisant du clic.

Je me suis donc profondément ennuyé sur cette production autant sur le fond que sur la forme. En plus d'être une déception, elle me fait poser de réelles questions sur la place que l'on souhaite aujourd'hui accorder à ce genre de personnages dans le champ culturel et de l'utilité que cela apporte, d'autant plus quand cela prend la forme d'un biopic insipide ne mettant en valeur que le criminel sans en faire sortir d'idée ou même anecdotes intéressantes. Il n'y a pas de moralité à tirer, pas d'explications ni de témoignages de la part des autres sujets de l'histoire. Que pense la police de ces innombrables évasions, que pense le système judiciaire du fait qu'un braqueur multi-récidiviste ne prenne que 5 à 10 ans max avec remise de peine possible quoi qu'il fasse. Que pensent femmes et enfants qu'il a abandonné derrière lui. On nous en dit rien si ce n'est en toute fin dans une phrase qui sera rapidement détruite par une nouvelle phrase bof de notre gangster "allez tous vous faire foutre". Au final, il y a tout un pan qui est ignoré dans l'histoire, car certes, c'est l'histoire de Clark, mais aussi celle des autres autour qui d'une manière ou d'une autre ont participés à sa vie.

Pour conclure simplement, le look badboy a été apprivoisé par Netflix qui semble avoir compris que l'immoralité peut être acceptée sous certaines conditions à l'image de Dahmer, et que l'on peut produire une série sans vraiment d'histoire et de contexte sans que cela ne pose de problème. J'ai une pensée curieuse pour toutes les femmes qui ont regardée cette série, se voyant ainsi au travers de tous les personnages féminins ramenées à une sorte de sous-être en permanence en état de transe quasi-insoutenables lorsque Clark est dans la place.