Chewing Gum
6.4
Chewing Gum

Série E4 (2015)

Chewing gum pourrait être le miroir de Please Like Me, on trouve beaucoup de similarités, à commencer par la formule “créateur de la série = acteur = personnage principal”. Les personnages, comme dans Please Like Me, gèrent les humiliations, les vexations, du quotidien par le rire. Là où la série se différencie de celle de Josh Thomas, c’est que les personnages de Chewing Gum n’ont pas le même niveau de vie. Même si Josh dans Please Like Me est régulièrement bousculé par ses parents pour qu’il trouve un job et gagne lui-même sa vie, son loyer est payé par eux et il finit par s’acheter sa maison à la fin de la série, on a également un épisode qui se passe intégralement dans un restaurant hors de prix, et même si Josh essaye de mettre en scène une violence de classe via la famille de son petit-ami, qui possède un splendide manoir, on comprend malgré tout que Josh et ses amis, bien que performant les étudiants fauchés, viennent d’un milieu assez privilégié (sa copine Claire prend régulièrement l’avion entre l’Australie et l’Allemagne). Les personnages de Chewing Gum, qui vivent en communauté dans des HLMs, sont véritablement confrontés à la violence de classe, constamment, et l’humour est souvent une lutte pour préserver parfois sa dignité.


Les jeunes adultes de Chewing Gum suivent à peu près le même motif, ce sont des personnages complètement dépendants de leurs parents (ou presque, puisque Tracy, l’héroïne de la série, a un job), dépendants financièrement (et émotionnellement, elle est bouleversée d’être séparée de sa mère lorsqu’elle est jetée dehors), ces personnages ont des parents qui sont soit extrêmement rigides (comme ceux de Tracy) ou à l’opposé complètement délurés, les personnages sont soit ignorants sur la sexualité (comme Tracy) ou alors très précoces (par exemple sa meilleure amie, son petit copain). Cette différence entre Tracy et les autres est principalement culturelle, Tracy évoque à ce sujet le rapport ambigu de sa mère à la religion et aux sectes. Et pour finir, ces personnages ont quand même de petits gestes de rébellion au quotidien (Tracy, évidemment, mais également sa sœur).


J’aime beaucoup cet épisode final - je crois que la série n’a pas été reconduite et se termine là dessus - Tracy tranche littéralement ses tresses (ce qui est un symbole de perte de la virginité) tandis que son amie perd ce qu’elle considère comme les attributs de sa beauté, son maquillage, ses longs cheveux. Le personnage de sa meilleure amie était toujours un objet d’admiration et de jalousie, et à la fin de la série, les deux personnages se retrouvent à un tournant. Dans l’histoire, Tracy se coupe les cheveux dans une forme de solidarité et de réconfort pour son amie, mais à la fois j’ai l’impression qu’on voit à l’écran deux personnages qui franchissent une étape de la vie, et Tracy gagne une certaine maturité après ce premier rapport sexuel avec un mec, mais son amie connait un changement via une expérience complètement différente. Je me rends compte à l’écriture qu’il n’est pas évident de compartimenter ou verbaliser les choses avec Chewing Gum, car la série est beaucoup plus nuancée et complexe qu’elle n’y parait au premier abord. Dommage que beaucoup se soient arrêtés à la considérer comme une série dont l’humour peut mettre mal à l’aise.

plezirdezie
6
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le 29 août 2018

Critique lue 350 fois

plezirdezie

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