Née du propre cauchemar de Martin Freeman où le comédien (et co-créateur de la série) s'imaginait extérioriser toute sa frustration engendrée par son rôle de père, la première saison de "Breeders" nous introduit dans le quotidien d'un couple anglais dépassé par son dévouement inconditionnel envers ses jeunes bambins.
Paul et Ally s'aiment et aiment bien entendu plus que tout au monde leurs enfants Luke et Ava, les liens d'affection qui les unissent ne seront pour ainsi dire jamais remis en cause, ce sera d'ailleurs une des grandes plus grandes forces de la série : se servir de cet amour familial comme socle pour, ensuite, en faire surgir une part d'ombre plus inattendue grâce à un humour particulièrement corrosif. Le message est clair, le statut de parent emporte tout sur son passage et laisse Paul et Ally dans un tourbillon permanent d'insomnies (quel premier épisode absolument génial !), de charges imprévues, de sacrifices, de névroses et autres explosions de colère -plus ou moins- refoulées. Face à la place prépondérante de leur progéniture, leurs individualités respectives doivent ainsi s'effacer ou, au mieux, survivre par l'intermédiaire de l'ancre que représente leurs souvenirs idéalisés de leur vie d'avant (des flashbacks sur un point précis de leur passé viennent enrichir la thématique principale de chaque épisode). Pas vraiment aidé par des grands-parents aux comportements de plus en plus infantiles avec l'âge, le couple tente de gérer au jour le jour ce chaos toujours plus exponentiel avec heureusement leur vision cynique ravageuse, ce sens de la dérision partagé et meilleur symbole de leur complicité indéfectible.
Calquant sa narration sur ce désordre du quotidien difficilement appréhendable, chacun des épisode très courts de "Breeders" (25-30 min) avance au rythme d'une locomotive lancée à pleine vitesse, partant à chaque fois d'un événement précis pour mieux exploser en une nuée de situations et de dialogues hilarants grâce à une écriture toute aussi intelligente que soutenue (quel régal au niveau des répliques, les bons mots fusent sans cesse !).
Mais, attention, même si l'on y rit bien sûr énormément, "Breeders" est, tout comme la vie de parent, un distributeur complètement aléatoire d'émotions et, en plus de certains sourires bien plus grinçants que d'autres, il y a de très fortes chances pour que la série vous terrasse totalement par surprise dans ses tournants dramatiques les plus inattendus !
Dernier atout majeur indiscutable, l'ensemble du casting est parfait, Martin Freeman (une évidence !) et Daisy Haggard en tête mais le lot d'humour absurde amené par les grands parents envahissants (mention spéciale à Michael McKean) et les enfants (le petit Luke, haha) forgent aussi une grande part du caractère irrésistible de "Breeders", une série que l'on n'avait pas forcément vu venir mais qui s'impose comme la meilleure pour nous immerger dans la réalité parentale délirante du XXIème siècle.
Vivement la saison 2 !