Il était une fois Honda, une équipe de Formule 1 qui faisait pas mal tapisserie au bal de la Formule 1, tandis que ses cousines bien plus compétitives, Ferrari et McLaren, s'étaient disputées les derniers lauriers au bal du championnat du monde en 2007 et 2008.
L'équipe ambitionnait de renouer avec sa légende forgée dans les années 90, mais jamais n'y parvenait. Et c'est sous prétexte de la crise économique mondialisée que, lassé, l'empire Honda décidait de débrancher la prise et de se retirer.
Une équipe et son personnel était donc menacés de rester sur le carreau, alors que son staff avait commencé à jeter les bases d'une voiture pour le bal de la Formule 1 estampillé 2009.
C'est alors son prince charmant aux allures de gros nounours débonnaire, Ross Brawn, l'artisan des années Schumacher, négocia pour sauver le team, au point d'en devenir le propriétaire et de lui donner son nom.
Les cousines de Brawn GP volèrent même à son secours pour lui permettre de survivre et d'aligner ses voitures sur la grille de départ. Tout comme la FIA et son grand argentier, Bernie Ecclestone. Et de permettre à la série Brawn : La Course Impossible, de vous raconter aujourd'hui un improbable conte de fées mécanique sur la plate-forme Disney +.
Car la citrouille d'une équipe Honda qui n'était nulle part en 2008, se mua comme par magie en un carrosse rutilant badgé Brawn GP qui gagnait à la surprise générale, et les doigts dans le nez, son premier grand prix.
Cette série, qui n'a pas grand chose à envier au succès Netflix Drive to Survive, fait littéralement revivre la tension d'une année de formule 1 2009 chahutée sur la piste, mais surtout, dans les coulisses du grand cirque. Tout au long de quatre parties montées comme un thriller, elle dessine une sauvetage qui se mue en une Mission : Impossible voyant, s'opposer un Petit Poucet désargenté et les habituels géants de la discipline en train d'avaler leur chapeau (de roues).
Et il y a de quoi avaler de travers, comme le montre de manière étonnamment crue les entretiens menés par Keanu Reeves avec sobriété, aussi classe que son personnage de John Wick. Jusqu'aux insinuations, aux soupçons de triche réglés devant les tribunaux, conclus par la mine sombre de Luca De Montezemolo.
Brawn : La Course Impossible décrit un incroyable alignement de planètes entre l'homme providentiel en place, un changement de règlement propice à toutes les interprétations et une idée géniale qui finalement, sera copiée par toutes les autres équipes pour revenir dans la course.
Elle décrit aussi les quelques secondes après le douzième coup de minuit, voyant l'équipe rescapée, après sept victoires, patiner, être rattrapée sur le plan des performances par des adversaires revanchards, mais surtout, les flottements psychologiques de son autre prince charmant, Jenson Button, qui, peu à peu, perd pied et plonge dans le doute.
Car le conte de fées, en Formule 1, ne dure jamais aussi longtemps.
Le quatrième épisode de la série, quant à lui, délaisse la revue de l'année 2009 pour mieux montrer l' inside du pilote anglais à l'occasion des deux derniers grand prix de la saison pour mettre en lumière l'intime, le fils et son père, dans une relation émouvante et sincère, aiguillon d'un spectaculaire redressement et de la concrétisation du rêve d'une vie.
Pas mal pour un pilote qui, de l'avis général, n'avait pas ce qu'il fallait pour devenir champion du monde.
Et plus improbable encore pour une équipe qui raflera les deux titres, pilotes et constructeurs, pour sa seule et unique année de compétition.
Behind_the_Mask, qui n'a jamais vu de sa vie de citrouille aussi rapide.