Une descente en enfer explosive qui finit en pétard mouillé.

Les 5 points sont pour l'esthétique "nineties in LA" très réussie, les acteurs secondaires qui jouent très bien, le personnage de Boro, pilier de la série interprété à merveille par Catherine Keener (un des rares personnages bien écrit et bien développé), le montage et la réalisation très correctes, les effets spéciaux et le travail des monteurs sur le choix des typo et titrages et enfin last but not least l'utilisation parcimonieuse du gore, sagesse toujours appréciable qui permet de rendre le tout un peu plus digeste.

Cela étant dit, dans l'ensemble la série sera vite oubliée par son manque de substance et n'est pas à la hauteur des hommages et des admirations obsessionnels de ses réals pour les géants du cinéma qu'elle cherche à encenser.

Le personnage de Rosa Salazar manque cruellement de contraste et de profondeur. Intégrer davantage de dualité et de prise de recul aurait vraiment servi le scénario. Il y a une vraie performance au niveau de la physicalité du personnage, il faut lui reconnaitre au moins cela. Elle joue très bien le désir, la perversion, la détermination, mais les quelques moments de culpabilité, désarroi, effroi, affection sont très mal joués, ce qui rend le personnage antipathique et inhumain. Son passé, ses failles ne sont pas assez développés, et la première partie de l'épisode 1 qui aurait pu servir à ça est longue et ennuyeuse, l'intérêt du spectateur n'est capté qu'à partir de la fin de la seconde partie.

Toute l'histoire sur le jaguar et la mère de Lisa est comme un cheveux sur la soupe, n'a ni queue ni tête, et on y accroche tout et n'importe quoi pour donner rapidement des explications aux choses surnaturelles autour de Lisa, ce qui n'était pas nécessaire, un peu tiré par les cheveux et au final insatisfaisant, la seule pratique intensive de la sorcellerie justifiait simplement et suffisamment qu'elle ait ouvert la porte dans sa vie à toute sorte de démons. Les passions humaines sont bien suffisantes pour choisir la mauvaise part de l'existence, pas besoin d'être la gosse d'un démon pour en arriver là.

Finalement, ce que je reproche à cette série est ce que je reproche à la plupart des productions Netflix : la facilité de faire descendre le spectateur dans du démoniaque, du gore, du sombre par le biais de l'immoralité et de la sorcellerie, ce qui ne choque plus grand monde dans un siècle sans limitation morale et sans tabou. Mais ce qui émeut, ce qui surprend, ce qui transcende, c'est la grâce.

La pesanteur, facile car c'est une inclinaison naturelle de l'homme dans sa configuration actuelle, n'est intéressante que pour mettre l'emphase sur les moments de grâce. Or là on creuse, on creuse, mais il n'y a plus d'alchimiste pour transformer cette boue en or.