Vous reprendrez bien un os ?

Je me suis lancée dans l’aventure Bones par curiosité et cette dernière n’a pas été déçue du voyage (du moins jusqu’à la saison 7).

Bones suit les péripéties d’un duo assez singulier, formé d’un agent du FBI : Seeley Booth (David Boreanaz), croyant, bien propre sur lui, doté d’un très bon instinct, patriote jusqu'au bout des ongles, ancien sniper des Marines, boute-en-train mais sérieux quand il le faut, divorcé et père d’un petit garçon ; et une anthropologue spécialisée dans les ossements : Temperance Brenan (Emily Deschanel), rigide, dénuée de tact et d’empathie, cartésienne et scientifique jusqu’à la racine des cheveux, qui vit dans son monde d’os et de charnier (au point de ne pas savoir ce qu’est Le Cluedo), mais qui, quelque part, rêve d’aventures et de courses-poursuites armée d’un flingue.

Autour de ce duo gravitent des scientifiques et une dessinatrice-Géo Trouvetou qui forment l’équipe du centre médico-légal du Jeffersonian Institut. Nous avons donc, le spécialiste des insectes, substances diverses et minéraux (oui, tout ça à la fois), Hodgins ; un autre spécialiste des os, étudiant, qui assiste Brenan (après le départ de Zack pour l’armée, six autres acteurs prendront ce poste en alternance) ; un médecin légiste qui sera en charge de l’analyse des viscères et des tissus et qui apparaîtra au début de la saison 2, Camille, et puis l’amie de Temperance, Angela, dont la tâche est de dresser les portraits des victimes à partir des crânes trouvés ainsi que de créer tout un tas de modèles informatiques pour déterminer les circonstances de la mort d’après les informations transmises par ses collègues. Et puis, un peu à l’écart, apparaîtra au cours de la saison 3, le docteur Sweets, jeune psychiatre chargé d’évaluer les capacités du duo principal.

Comme vous l’aurez deviné à la lecture de ces quelques lignes, Bones est une série policière où, à partir d’un cadavre pas toujours très frais, des super cerveaux doivent trouver le coupable. Et, globalement, ils parviennent à leurs fins (même pas sûre qu’il existe un épisode où ils ne débusquent pas le coupable). En fait, les seuls éléments qui distinguent un épisode d’un autre, ce sont : la tronche du corps (je vous déconseille de voir la série en mangeant, la putréfaction étant souvent représentée de la façon la moins ragoûtant possible), la façon dont il arrive entre les mains de l’équipe, les circonstances de la mort, l’identité du coupable, les conséquences de cette découverte et puis, toutes les petites histoires qui fleurissent autour de l’enquête. Pour le reste, le schéma est sensiblement identique d’un épisode à l’autre.

En fait, les premières saisons n’ont pas vraiment de fil rouge – hormis l’apprentissage de la vie sociale par Brenan – et leurs épisodes peuvent se regarder en vrac sans souci de compréhension. Ensuite, surgissent quelques antagonistes un peu plus accrocheurs (et accrochés) tels que le Fossoyeur, Gormogon et son disciple, le sniper puis, pour la saison 7, un type cloîtré chez lui qui parvient tout de même à tuer quelques personnes qu’il laisse ensuite sur des monuments historiques. Leur importance et leur impact sur la vie du labo est plus ou moins importante : le fossoyeur n’intervient finalement que dans un double-épisode dans la saison qui lui est consacrée, avant de réapparaître pour une poignée de minutes bien plus tard, là où Gormogon va avoir une influence sur toute une saison.

Bien sûr, en parallèle de ces enquêtes, la vie des différents protagonistes se dévoile peu à peu et empiète plus ou moins sur les épisodes ou sur le déroulement d’une saison. Ces détails sur les personnages sont tour à tour légers, drôles, sympathiques, durs, sombres et tristes, mais il y est surtout question d’amour (et de famille aussi). Les enquêtes demeurent néanmoins suffisamment prépondérantes pour que la série ne vire pas à la sitcom fade et sans intérêt, où tout le monde se roule dans la fange avec tout le monde.

Toutefois, tous les épisodes ne sont pas des joyaux du petit écran et, au fur et à mesure que les saisons avancent, on sent venir une certaine lassitude. La plupart des personnages évoluent (pas toujours dans le bon sens ni correctement, mais ils bougent), exceptée Brenan qui reste coincée dans ce corps déconnecté de la réalité et dont le comportement, illogique pour nous, finit par devenir ridicule et même barbant (elle est infernale dans la saison 7). De plus, les réalisateurs ont fait un choix scénaristique qui ne me plaît pas car, selon moi, il casse tout ce qui rendait le duo intéressant. L’alchimie n’est plus la même et de fait, c’est toute la qualité de la série qui s’en ressent.

Avant la septième saison, Bones aurait récolté une note supérieure pour l’originalité du thème, les performances des acteurs, la qualité des rebondissements, la beauté de certains épisodes et la saveur des dialogues, mais la saison précitée est si bancale qu’elle fait chuter la moyenne générale. Ce binôme réinventé qui ne fonctionne pas, Bones qui est insupportable, les histoires parallèles inexistantes ou presque, le grand méchant qu’on nous présente au début puis qui disparaît jusqu’à son retour au dernier épisode, pour un grand final précipité qui tombe comme un cheveu sur la soupe ; et entre, aucun épisode réellement marquant. Une saison à oublier donc et qui ne me donne pas envie de poursuivre l’aventure. Dommage !