À force d'en entendre parler comme d'un chef d’œuvre et d'une référence de la culture pop, j'ai décidé de donner une chance à Black Mirror.
Qu'on se le dise : Le jeu des (nombreux) acteurs et des actrices est bon. Le format anthologique est rafraichissant. La série est une réussite technique, certains épisodes se distinguant parfois des autres par leur réalisation intéressante ou innovante.
Mais après avoir visionné tous les épisodes, je me rends compte d'une chose : aucun ne m'a plu.
Le cadre spatio-temporel, les personnages et la diégèse peuvent varier, le problème reste le même. Toutes ces dystopies développent des récits où il n'y a aucun espoir, seulement des personnages médiocres dans un monde condamné. Aucun n'est vraiment capable d'agir de façon intelligente et encore moins de changer le monde qui les entoure.
Aucun personnage n'est vraiment intéressant ni mémorable. Sous couvert d'une critique pas très subtile des dérives de notre société, on nous invite finalement à nous complaire dans le spectacle du malheur et de la misère d'autrui. Assez ironique quand on y pense...
Ensuite, la série fait de la mauvaise science-fiction : elle s'en sert comme prétexte pour exposer les situations qui lui tiennent à cœur. Il n'y a pas besoin de chercher très loin pour se rendre compte que la cohérence et la crédibilité du futur exposé à chaque épisode n'ont vraiment préoccupé pas les scénaristes. Chaque épisode n'ose jamais trop s'aventurer dans les détails du monde qu'il présente.
Le plus gros problème, qui rend toutes ces fictions obsolètes, y compris le message critique scandé d'épisode en épisode, c'est que la plupart des futurs imaginés se fondent sur l'idée que nous vivons dans un monde où la croissance est infinie, où le solutionnisme scientifique nous viendra en aide. Un monde où la perspective d’un effondrement lié à l’urgence écologique n’existe pas.
Plutôt que de nous jouer de multiples variations sur 1984 ou Minority report, il aurait peut-être fallu commencer par s’intéresser à ce que disent les rapports du GIEC sur l'effondrement probable de notre société.
En résulte de la science-fiction qui nous parle maintenant, mais qui vieillira sans doute mal.