Black Mirror
8
Black Mirror

Série Netflix (2011)

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Des Cochons, Bigdil, Beppe Grillo, 1984, Strange Days, et Real Humans

Sérieusement ça me fait doucement rigoler quand je lis "cette série est visionnaire", je veux dire, merci du scoop, on est sacrément subversif quand on dit de façon aussi grossière que facebook/twitter/youtube ça peut être dangereux, faîtes attention et déconnectez-vous un peu!


Je me suis tapé les 6 épisodes, et ça n'est ni plus ni moins qu'un giga pot-pourri de SF d'anticipation vue et revue et rerevue (en mille fois mieux, et en moins fauché) dans des tonnes de films/séries/bouquins...


Et pour un bon épisode (le deuxième), on en a 5 que j'ai trouvés assez affligeants dans leurs scénars ou dans leurs mises en scène, et répondant à peine aux standards d'un programme nrj12 de deuxième partie de soirée...


Mais le piège de cette série, c'est le changement de casting, et d'univers à chaque épisode, du coup j'ai continué à regarder cet enfilage de perles et de poncifs épisode après épisode, dans l'espoir de revoir quelque chose d'aussi sympa que l'épisode 2... En vain...



  • Episode 1 :Le 1er ministre va-t-il enculer un cochon - 1/10


Alors là, j'ai vraiment été consterné, non pas que ça me choque qu'un terroriste débile demande comme rançon que le premier ministre encule un cochon à la télé en direct, il a le droit d'être complètement con et farfelu et de croire que son voeu absurde serait exaucé...


Mais tu le vois tellement venir de loin le truc, 15 millions de vues sur youtube de la vidéo du méchant qui fait sa menace! Olala les gens ne vont pas aimer le premier ministre, et ils se marrent tous en groupe devant la télé (bouh la télé c'est mal, les effets de groupe c'est mal), et le ministre doute, et puis finalement... Il va enculer un cochon pour sauver sa réputation (???!) ainsi qu'une hypothétique princesse kidnappée dont on ne sait même pas si elle encore en vie...


Nan, mais ALLO quoi? Vous avez pas l'impression qu'on vous entube avec un truc complètement con et des sabots gigantesques ?


Et c'est pendant 1h, le SEUL enjeu de l'épisode, il n'y a rien d'autre que : va-t-il ou non enculer un cochon ?
Ca vous fait envie ? Ca vous fait pas chier à l'avance rien que d'y penser ? Vous n'en avez pas un peu rien à branler ?


Ah si y a vaguement des personnages secondaires encore plus risibles, une journaliste qui photographie ses nibards avec son smartsphone (hmmm tu les sens les gros sabots!), pour les envoyer à un fonctionnaire de l'administration, un gros puceau la bave aux lèvres "ololol un bout de téton, je vais aller lui lâcher des infos gouvernementales hyper secrètes"...


A la fin, les bras m'en sont tombés, je comprends bien que le but de la série est d'exagérer, d'exacerber les situations, mais pas au point qu'elles en deviennent totalement grossières, caricaturales, et donc idiotes et pas crédibles pour un sous!..
Et surtout avec autant de prétention, autant de sérieux, et un manque d'humour ou de décalage latent.



  • Episode 2 - Le merveilleux monde des Mii - 7/10


Perso, s'il y a un épisode plutôt sympa à matter dans cette série, c'est celui-là, tous les autres étant parfaitement dispensables.


Déjà, ils ont été plutôt malins pour créer un univers à la 1984, tout en ayant les moyens d'une télénovela.
Ici, les décors très restreints, sont utilisés intelligemment dans une sorte de dystopie cloisonnée, de petits intérieurs où sont coincés des personnages qui doivent passer leur vie à pédaler sur un vélo devant tout un tas d'écrans et de progammes débiles, pour gagner des crédits à force de parcourir des kilomètres virtuels. Crédits qui leur permettront de s'élever socialement, en améliorant notamment leur avatar, une sorte de Mii nintendo, il faut croire que les graphismes du futur seront particulièrement dégueulasses.


Bon là encore c'est très épais, très lourd, avec un manque total de finesse, c'est tout aussi vu et revu, mais ils arrivent à créer un peu d'émotion là-dedans avec une histoire d'amour touchante, et une conclusion plutôt bien vue où le héros pseudo-contestataire, se transforme en une espèce d'Eric Zemmour, dévoré par le système qui récupère tous les faux rebelles.


La parodie de télé-crochets type "American Idol" est quand même très très mauvaise, et dans le jury, on y trouve étonnamment Rupert Everett qui doit se demander encore ce qu'il fout là, et qui surjoue à peu près n'importe comment.



  • Episode 3 - Strange days - 6/10


Désolé mais là encore, les mecs qui peuvent revivre leur vie en vue à la première personne, ça a déjà été très bien fait... Ca s'appelle "Strange Days", réalisé par Kathryn Bigelow, avec Ralph Fiennes et Juliette Lewis, et ça a autrement plus de classe, de style que ce truc finalement très chiant qui ne tourne qu'autour d'un vieux couple, à tel point que j'ai cru à un moment me retrouver devant un épisode de confessions intimes.


Après y a des aspects très Brian De Palma, avec une enquête qui tourne à la paranoïa, ou chaque élément, chaque détail, chaque micro intonation de voix peut influencer le mari qui se pense trompé par sa femme, lorsqu'il revisionne la vidéo d'un repas entre amis.


Bon après, il y a cette conclusion ultra moralisatrice, et finalement assez basique "déconnectez-vous".
Le dernier épisode à peu près regardable, après ça va aller de mal en pis dans une seconde saison assez pitoyable.



  • Episode 4 : Real Humans - 4/10


Absolument aucun intérêt. Pendant 50 minutes, c'est une gonzesse qui a perdu son mari, et qui parle à une voix robot google qui l'imite.
Vers la seconde moitié, ça empire, elle commande un robot réellement matérialisé de son défunt mari qui arrive via colipost à son domicile..
Et c'est totalement chiant avec une réflexion assez basique sur "Peut-on définir un individu via son activité sur les réseaux sociaux ?". Le type est insupportable, elle fait l'amour avec son robot, elle chiale parce qu'elle se dit que tout ça c'est quand même un peu malsain, elle lui demande de sauter d'une falaise, le robot est chaud pour le faire, là je suis content, je me dis "bon débarras", mais non, elle le garde et il reste dans le grenier, et à chaque anniversaire la fille qui n'a jamais pu connaître son vrai père monte lui dire bonjour, c'est trop mignon...
Là où dans la série "Real Humans", ça réussissait à être crédible, avec un univers bien construit, des bases solides et cohérentes, là c'est juste ringard, et c'est le problème de cette série, c'est que la SF ça s'improvise pas avec une sous-histoire sans intérêt, c'est juste totalement casse-gueule comme style, il suffit d'un tout petit manque de crédibilité, pour que l'entreprise se casse totalement la gueule.


Et là y a juste rien de crédible dans cet épisode, et pire rien d'intéressant, ou même d'un tant soit peu palpitant. Encéphalogramme plat.



  • Episode 5 - Chasse à l'homme - 5/10


Bon là, je vais bâcler, ça fait une dizaine de jours que j'ai vu cet épisode, et j'en ai à peu près plus aucun souvenir.
Une espèce de chasse à l'homme pas bien palpitante, avec un vieux twist final qu'on voyait venir à des kilomètres, et ça se répète en boucle. Ainsi que des acteurs catastrophiques (je voulais baffer l'héroïne à chaque fois qu'elle chialait). Interminable.



  • Episode 6 - Vincent Lagaf et Bigdil - 2/10


BigDil, vous savez cette créature immonde du début des 2000's, et bien dans le futur, ils l'ont refourguée à un comique pas drôle qui va se lancer dans une campagne politique contre un vilain député, et contre une arriviste, et vous savez quoi, les gens sont tellement cons qu'ils vont y adhérer et voter en masse pour lui.


N'importe quoi. Et puis bon, je n'ai même pas parlé des acteurs qui sont exceptionnellement mauvais dans cette conclusion juste totalement nulle et crétine.. N'est pas Beppe Grillo qui veut...


Bref, j'ai matté ça parce que j'ai vu que mes éclaireurs lui mettaient d'énormes notes à cette série, et aussi pour son classement dans le top 111, et là j'avoue que je ne comprends pas, peut-être suis-je complètement à côté de la plaque, mais j'en reste coi..
A matter pour l'épisode 2, le reste c'est franchement plus que dispensable... A la limite si c'était bien fait, mais même pas! C'est hyper chiant !



  • EDIT SAISON 3


La saison 3 relève un peu le niveau, mais ça reste quand même hyper moyen, peu crédible et lourdingue.


En fait il n'y a que le premier épisode que j'ai trouvé intéressant, c'est peut être dû au fait que c'est le seul à avoir un vrai réalisateur derrière la caméra. J'ai apprécié l'odyssée de la fille de Ron Howard (qui a quelques kilos en trop) dans un univers futuriste à la "Her" assez réaliste avec un superbe travail sur les décors et la photo, j'avais du plaisir à suivre son périple et tous ces obstacles qu'elle rencontre pour atteindre son "rêve" (beaucoup aimé la scène où elle croise le chemin de la camionneuse). Plein de détails malins qui restituent une vanité de plus en plus odieuse, et une hypocrisie infernale. On ressentait une certaine sincérité dans ce récit très simple, et pas les artifices/clichés lourdingues communs à tous les autres épisodes. Et puis l'orchestration du malaise au mariage (avant même l'arrivée de l'héroïne, avec tous ces gens complètement fake, ça renvoie à du concret qu'on vit déjà aujourd'hui) est assez grandiose.


Hormis cet épisode, les mécaniques scénaristiques sont nazes, l'aspect technologique est souvent un prétexte pour ressortir des vieilles histoires vues et revues de manipulation mentale/distorsion du réel, en changeant à chaque fois de contexte pour feindre la diversité (un coup chez les militaires, un coup chez les mourants, un coup chez les gamers).


L'épisode 2 est complètement pété, interminable, hyper mal écrit, avec une conclusion branlée n'importe comment tellement ils avaient aucune idée de quoi faire de leur manoir hanté qui fait peur à personne avec ces araignées tirées d'une cinématique de ps2.


L'épisode 3 c'est du déjà vu, le seul véritable truc marrant/intéressant c'est le fait qu'on y touche quelque chose de vrai sur la nature machiavélique d'un troll.


L'épisode 4 est très répétitif, et le coup de se servir d'une intrigue de sf pour faire un revival des 80's c'est du déjà vu, et c'est quand même un peu de l'arnaque dans le fond. Même s'il est un peu niais ça passe. La fin est un faux happy end.


L'épisode 5 est laborieux, prévisible, mais pas plus con que ça (c'est rare mais j'ai pas trouvé le monologue explicatif si mauvais que ça, alors que ça reste un procédé de grande facilité).


L'épisode 6 est nul. 1h30 interminables, pour des histoires d'abeilles tueuses à la con, avec un scénario débile (en gros les abeilles rentrent ni vu ni connu dans les oreilles/pif des gens, et puis à un moment un geek qui se rase la tête est capable de créer à partir de rien une database de 400000 personnes avec leur identité + photo, du grand WTF). Personnages insipides, intrigue en mousse, "Les Oiseaux" d'Hitchcock c'est beaucoup mieux.

KingRabbit
5
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le 7 juil. 2013

Critique lue 8K fois

64 j'aime

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KingRabbit

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