#blackAF
5.5
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Série Netflix (2020)

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Black AF est une série de Kenya Barris, showrunner et producteur de la série « Black-ish » une sitcom américaine qui retrace les aventures d'une famille afro-américaine qui évolue dans un quartier riche et blanc. La sitcom bénéficie d'un énorme succès outre-atlantique, et a engendré deux spin-off (« mixed-ish » & « grown-ish ») qui nous sont ici, aussi inconnus que son original. Kenya Barris (qui a un deal de 100 millions avec Netflix) décide ici de jouer la carte autobiographique, en jouant son propre rôle: celui d’un showrunneur cynique, nouvellement riche, souffrant d'une crise identitaire et qui craint que lui et sa famille ne s'embourgeoise et ne perdent pied avec leurs racines. Leurs aventures sont dépeintes à travers un film documentaire sur leur famille que réalise sa fille, Drea.


Cette comédie familiale tourne principalement autour de Kenya et de la déplorable façon dont il gère son rôle de père d'une tribu de six enfants : d’ignorer leur date de naissance, au fait que ses enfants l’appellent allégrement « dick », en passant par le fait qu’il ne veuille pas trainer avec ses fils car ils ne sont pas « assez intéressants », leur relation est drôlement dysfonctionnelle. Or, c’est aussi une des raisons pour lesquelles le show a besoin de quelques épisodes pour décoller : les personnages demeurent quelques temps difficile à caractériser, malgré une présentation ludique articulée dans le 1er épisode. Les enfants sont « mignons », mais on discerne mal ou la série va. Notamment concernant sa femme Joya (Rashida Jones inhabituellement drôle), qui jusqu'en milieu de saison passe juste pour une bonne mère de famille un peu rigolote, jusqu'à ce que l’on découvre qu'elle délaisse ses enfants à des aides pour se consacrer à sa nouvelle carrière d'auteure. Chaque épisode est relié à des pans importants de l'histoire afro-américaine : par exemple, lorsqu’une de ses filles se filme en twerkant sur tik-tok, on en vient à un caméo sur la sexualisation des petites filles noires dans l’histoire : ce procédé s’appelle de « l’edutainment », ce qui peut avoir une forme de pertinence pour une série familiale.


La série ne décolle vraiment qu'en milieu de saison, particulièrement lors de l'épisode 5, lorsque Kenya se rend compte que tout le monde -blancs et noirs - semblent apprécier un film dont il est l'auteur mais qu'il sait mauvais. Survient alors un questionnement intéressant sur les œuvres afros et la représentation: faut-il tout avaliser pour permettre de faire avancer la cause? La scène d'un visio avec des réalisateurs-rices afro-américain-e-s célèbres (Ava Duvernay, Lena Waithe...) dans leurs propres rôles fait montre du côté satirique de la situation, personne n'osant lui dire la vérité.


Les critiques professionnels n'ont pas forcément apprécié ce show qui se voudrait « relatable » à tort, mais qui serait surtout une plateforme égocentrée sur laquelle Kenya Barris a pu exprimer tout ce qu’il lui était interdit de dire sur une chaine publique. Le public outre-atlantique à quand lui été moins sévère. Critiqué aussi pour son jeu (Kenya Barris n’est pas comédien), le protagoniste s’en sort pourtant plutôt bien : son air désintéressé et flegmatique correspondent parfaitement à ce personnage ronchon. La série reste divertissante aidée par certains dialogues drôles et rythmés, sans oublier le bling bling et les guests stars (Nia Long, Tyler Perry…), mais à l’âge du peak tv, elle ne marquera pas les annales.

CritiKCourte
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le 30 avr. 2020

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