Don't be a liar lawyer

Ce spin-off de l'incroyable série que nous connaissons déjà tous est une œuvre d'art. Qui fait mieux des deux ? L'avocat ou le chimiste ?

Cette série se focalise sur James McGill, alias Jimmy ou Saul Goodman "speedy justice for you". Au début, la série peut sembler lassante, car elle prend beaucoup de temps pour bien introduire les personnages dans la série. On voit que Jimmy est un personnage très dynamique et manipulateur. Au fur et à mesure, ses traits de caractères s'amplifient, et contrastent énormément avec le reste des personnages "normaux". Il prend des raccourcis, ment, mets tous en œuvre pour arriver à ses fins, sans pour autant bien savoir ce qu'il veut. Et son comportement, c'est le cœur de la série. Chaque entourloupe, tricherie le rapprochera de la seconde sphère qui est l'illégalité. Il se rapprochera d'un monde qu'il n'aurait pas voulu s'il connaissait les conséquences. Le cartel. Tout comme Walter White, ses décisions vont enfoncer les personnages dans la solitude et un monde dangereux.

Les deux ont finalement la même motivation : l'argent. Plusieurs opportunités s'offrent à Jimmy, mais son esprit non-conformiste lui fait prendre d'autres chemins, malgré son bon fond. Le frère de Jimmy, Chuck, le sait et entretiens une drôle de relation fraternelle.

En parlant de relationnel, cette série nous propose des acteurs extrêmement forts dans leur jeu, ainsi qu'un texte excellent. Les personnages ont des relations qui vont prendre d'empathie le téléspectateur. Tout est cohérent, les personnages s'aiment ou se détestent de façon extrêmement humaines, rien n'est robotisé. Chacun leurs motivations, leurs ambitions, leurs caractères, et du début jusqu'à la fin de la série, les personnages restent parfaitement fidèles à eux-mêmes. Ce réalisme des personnages est parfaitement réussi. J'insiste, chaque personnage est vraiment le plus humain possible, avec une écriture parfaite, une histoire, des valeurs ou non, des êtres humain en bref, doublés par des acteurs d'exceptions.

De plus, j'apprécie de manière puissante, les plans de caméras. À chaque seconde du visionnage, rien à l'écran n'est laissé au hasard. Aucun faux raccord. Tous les plans, toutes les perspectives, les jeux de lumières (et encore beaucoup d'autres chose que je ne me rends pas compte), tout a été fait pour dégager une émotion particulière, créer de la tension, du doute, de la tristesse. C'est incroyable, vraiment toutes les images, toutes ces mises en scène, on ressent absolument toutes les sensations voulues. Et cela va sans dire que les plans sont tous magnifiques.

Tout cela participe à l'immersion du téléspectateur, et on arrive à avoir de l'empathie pour ce personnage (Jimmy). Enfin, là, c'est subjectif. Le personnage, bien qu'il ait bon cœur, il n'hésite pas à agir pour son propre bien, et à nuire à d'autres. Alors, quand d'autres personnages sont en conflit avec lui, on se demande "qui a raison ?". Aucun personnage n'est parfait, car comme je l'avais dit, ils sont parfaitement humains. Aucun robot. Donc tous font les choses comme il pense que le bien est, ou le mal est.

Du côté du cartel, même chose. Certains personnages ne sont pas totalement méchants, ou totalement gentils. La série nuance ses propos et met du doute sur la légitimité des personnages. Il n'y a pas de réponse universelle (sauf pour certains qui sont foncièrement mauvais, bien sûr).

Au cours de la série, Jimmy se voit de plus en plus s'assumer, et la série ne cessera de nourrir le téléspectateur de retournement de situation, de situations inédites, de plans malhonnête qui fonctionnent. Jimmy aime juste faire ça, mentir. Et aussi l'argent.

Jimmy fait les choses à la limite de l'illégal, et dépasse même cette limite.

C'est identique pour Breaking bad. Nos protagonistes font des choix malhonnêtes, et voient leurs vies s'effondrer au cours des épisodes, tout en se rapprochant du cartel. Alors qu'ils n'y étaient absolument pas affiliés au début, ils s'en retrouvent dedans.

"We all make our choices. And those choices, they put us on a road. Sometimes, those choices seem small, but they put you on the road. You think about getting off, but eventually you're back on it. And the road we're on led us out to the desert and everything that happened there and straight back to where we are right now. And nothing, nothing can be done about that." — Mike Ehrmantraut to Jimmy McGill, "Bad Choice Road"

Pour conclure, malgré un commencement assez long, la série s'est imposé comme un véritable chef d'œuvres écriture et d'immersion. Jamais je n'aurai pensé un spin-off aussi bien, surtout comparé à Breaking bad avec beaucoup de similitudes.