Battlestar Galactica
7.9
Battlestar Galactica

Série SyFy (2005)

Ca commmence par une mini-série introductive de 3h à couper le souffle de concision.
3H pour mettre en place et amorcer les développements de tous les enjeux majeurs des 71 épisodes à venir, jongler entre la quinzaine de personnages clés, la trentaine de lieux, bref on assiste à un véritable miracle de narration, de savoir-faire du montage, de maîtrise du rythme, et c'est absolument grisant.


L'univers qui se présente sous nos yeux, est l'un des trucs les plus ambitieux que le genre de la science-fiction ait jamais pu produire, s'étendant sur un spectre infini de possibilités, avec un souffle créatif libérateur.


L'excitation, l'agitation, illustrées par ces flux incessants de vaisseaux, ces personnages qui se débattent pour leur survie, qui se fraient un chemin dans les travées étroites du Battlestar Galactica, qui se croisent, s'esquivent, se rapprochent, et l'on ressent l'ébullition, la tension (parfois même sexuelle, Cf le baiser venu de nulle part entre Dualla et Billy) prête à imploser d'un moment à l'autre.



Tout va péter, tout le monde va crever, alors merde, profitons-on et faisons un gangbang géant dans l'espace, bordel !



Et puis merde, pourquoi on se prend la tête avec toutes ces discriminations entre humains, humains et cylons humanoïdes, humains et machines, tout le monde est invité, viens comme tu es !


Et puis, le décalage qui fait l'ultime différence, c'est la B.O..
Cette musique miraculeuse de Richard Gibbs digne des plus grands. Du Basil Poledouris de Starship Troopers, au Jerry Goldsmith de Total Recall qui repompait partiellement Poledouris dans Conan. Bref, du génie. En quelques notes, l'ambiance space-opera de la mort qui tue est posée, sans parler des variations surprenantes avec ces emprunts exotiques à la sauce indienne. Bref, c'est la définition même de ce qui fait une musique épique. Pas du Zimmerien, pas du bruit et des basses lourdingues, non, de la musique, de la mélodie qui se retient, qui poursuit jusque tard dans une nuit d'un sommeil agité. Et ce qui fait à mon sens la qualité d'une BO, c'est d'avoir un "love theme" qui soit réussi, et celui de la mini-série intitulé "to kiss or not to kiss" est sublime.


Rien qu'avec ces 3 premières heures, cette narration miraculeuse, ces comédiens prometteurs, je suis conquis, il peut se passer n'importe quoi par la suite, ça peut devenir nul à chier, interminable, hautement déceptif, je m'en fous, j'irai au bout pour connaître le fin mot de l'histoire, mais surtout pour voir comment cet univers va évoluer.


Et patatras, sans surprise, ça se casse un peu la gueule, le charme finit par se rompre (mais progressivement).
Déjà Gibbs n'est plus à la musique, Bear McCreary prend le relai. Et c'est tout de suite moins bon. Il réutilise évidemment les thèmes déjà emblématiques de la mini-série, et ne produit rien d'autre de spécialement marquant, si ce n'est une reprise allumée de "All along the watchtower". A noter l'utilisation de quelques musiques dantesques et dépressives de Philip Glass au piano, la BO de "Voyage au bout de l'enfer" qui fonctionne toujours à merveille avec sa tonalité mélancolique, mais ça reste léger pour accompagner 71 épisodes, et la redondance va finir par m'être assez pesante.



Pourquoi ont-ils tué Baltar ?



L'effet de surprise s'étiole également, les autres vaisseaux de la flotte n'ont qu'une existence très réduite, alors que le Battlestar Galatica est toujours composé de ces 2 mêmes couloirs, réfectoire, salle des commandes, 3 chambres, prison, bureau médical, centre de décollage et cales.


Les limites se font sentir, et les rares épisodes stand-alone visant à élargir les perspectives sont ratés et font surtout office de remplissage vaseux (cf en particulier l'épisode S02E14 "Marché noir"), en n'ayant jamais la moindre incidence sur le fil rouge de l'intrigue, ou plus simplement sur la suite des événements.


Le délire métaphysico-mystico-religieux plutôt rigolo dans un premier temps (En début de saison 3 notamment, lorsque Gaïus Baltar est à la merci des Cylons, avec deux bombasses dans son lit telles que Lucy Lawless et Tricia Helfer), devient agaçant, pour finir par être complètement exaspérant tant il prend une place prépondérante dans l'intrigue.
Les délires sur les "Ecritures", les visions, les prophéties, c'est tellement pesant, lourd, chiant à mourir, inintéressant en terme de récit, avec en plus leurs lots invraisemblables de Deus ex machina à la pelle...


Le pire c'est qu'en début de série, les auteurs prenaient le parti de s'en moquer de tout cet aspect mystique de pacotille grâce au positionnement de personnages centraux clés comme Bill Adama ou Baltar, très cyniques, très "terre-à-terre" et très moqueurs, donc on gardait un certain recul, avant qu'inexplicablement on plonge à pieds joints en plein dans le délire au premier degré, et que tout le monde finisse par y croire. Enfin, si y en a une d'explication, puisque ça permet de résoudre plein de difficultés du scénar...


Les intrigues amoureuses sont franchement pas ouf, si ce n'est lors du miracle de l'épisode S03E09 "Le grand combat", de mémoire le seul épisode stand-alone qui soit pleinement convainquant (peut-être même le meilleur épisode de la série tout compte fait), où l'espace d'un peu plus d'1h on lâche les poursuites cylons/humains pour se concentrer sur la vie des héros qui règlent leur compte à coups de bourre-pifs sur le ring, à base de flash-back brillamment agencés entre chaque round.


Maintenant c'est pas évident de supporter Starbuck l'hommasse, absolument imblairable de A à Z (peut-être même pire que Skyler la grognasse de Walter White dans "Breaking Bad"), l'actrice jouant super mal (big up à la grimace "bouche en cul de poule" qui m'a mis très mal à l'aise), et son personnage de rebelle en papier mâché et capricieuse me donnait une soixantaine d'envies de génocide à la minute.


Jamie Bamber est un peu falot, et le rôle un peu trop large pour ses épaules, il se ridiculise de plus en plus au fur et à mesure qu'il grimpe les échelons, en arborant une coupe de cheveux de plus en plus improbable.


Mary McDonnell dont la tête a fini par devenir plus large que haute avec les années (et le botox ?) met 10 siècles à exaspérer tout le monde avant de mourir péniblement de son cancer, et c'est là qu'on se dit que c'est vraiment une maladie de merde.


Et puis Gaïus Balter (joué par un certain James Callis que je ne connais absolument pas), est dément. C'est le personnage qui m'a fait surkiffer les deux premières saisons (et le début de la 3ème), avant de partir en couilles total, et d'être sacrifié sur l'autel du n'importe quoi.
Tout en fiel, en hypocrisie, en manipulations étonnantes, le type est complètement cintré, imprévisible, lubrique et franchement génial.
Après il se rationalise, devient plus gentil, plus prévisible, voire effacé, et complètement abandonné par les scénaristes qui ne lui donnent plus rien d'intéressant à faire. Il ne pèse absolument plus sur l'intrigue, ce qui constitue le plus énorme gâchis de la série.
Quel potentiel il pouvait avoir pourtant, quand il avait dans les mains les clés pour détecter les cylons des humains, mais qu'il faisait absolument ce qu'il voulait des résultats.


Bref hormis une saison 4 franchement cataclysmique (excepté un dernier épisode de bon aloi qui conclut correctement l'histoire et qui parvient à être assez touchant et à me réconcilier avec certains personnages), purgesque et globalement insupportable, ça reste de la SF de haut-vol.


Maintenant, là où j'ai toujours autant de mal avec les longues séries, c'est ce manque d'efficacité, ces épisodes de remplissage qui n'avancent à rien, cette impression emmerdante que 71 épisodes auraient très bien pu être racontés en une trentaine et nous épargner ainsi bon nombre de lourdeurs. Mais bon, comme toujours, je chipote.

KingRabbit
8
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le 13 mai 2016

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