Première saison assez captivante pour qui s'intéresse de près ou de loin aux dessous de la politique.
L'appareil politique vu de l'intérieur (coups bas, financements occultes, magouilles et autres stratégies électorales sont au RDV), celui du PS en l'occurrence, pas vraiment épargné (mais la droite n'est pas en reste). La série illustre bien les fractures au sein de la gauche entre la ligne européenne / libérale d'une partie du gouvernement et celle de Rickwaert (bluffant Kad), attaché à sa "circo" de Dunkerque, proche de ses administrés et hostile à la technocratie bruxelloise.
"Le Nouveau Monde" incarné par le personnage de Mouglaglis est en marche ("le droit d'inventaire" sera probablement revendiqué dans la saison 2), le vieux incarné par Arestrup et Kad Merad à bout de souffle. Nous sommes à 1 an de l'élection d'Emmanuel Macron.
Ce qui frappe d'emblée, c'est le caractère authentique de la série. Tout ou presque sonne vrai.
A l'image du personnage incarné par Kad (apparemment très inspiré par Julien Dray qui, lui aussi, manoeuvrait la jeunesse pour déstabiliser le gouvernement - celui de Rocard dans les 80's en l'occurence), issu d'une famille ouvrière, loin de la technocratie à laquelle appartient celui de Mouglaglis, qui est très complexe : d'un côté véritablement sincère dans ses engagements (il a à coeur de défendre l'emploi et l'industrie dans sa ville - Florange n'est pas loin avec Arestrup candidat qui vient faire des engagements sur le site entre les 2 tours de la présidentielle), de l'autre manipulateur et prêt à tout pour arriver à ses fins. En même temps, il est difficile de le détester (il le souligne lui-même : "on ne cherche pas un Saint mais un chef"). La relation qu'il entretient avec sa fille, là aussi très juste, n'est pas étrangère à l'empathie qu'il peut générer. Pourtant, comment ne pas être choqué par ses manoeuvres, même les plus viles, pour rester dans le jeu politique ?
Pour ne rien gâcher, les dialogues sont de très bon niveau et la réal, très dynamique (aucuns temps morts, ça bouge tout le temps), sans être Greengrass-ienne.
Et que dire de Arestrup, comme toujours parfait en sphinx mitterrandien ?