Bouffies Contre Les Gens Pires

En terminant un peu péniblement cette première saison de Astrid And Lilly Save The World je me disais que jamais je ne m'infligerais une seconde saison et ça tombe bien puisque la série de Noelle Stehman et Betsy Van Stone ne sera pas reconduite par la chaîne SyFy faute d’audience et de retours critiques positifs. Je n'espérais certes pas grande chose de cette comédie horrifique et fantastique pour pré-adolescents voir pour gamins mais j'étais loin d'imaginer à quel point cette série pouvait être lisse, convenue, mal écrite et assez insipide.

Astrid et Lilly se sont deux copines de lycée dont les rondeurs en font les victimes idéales de moqueries et de harcèlement. Une nuit après quelques remarques et insultes de trop, elles hurlent leur colère sous la pleine lune provocant l'ouverture d'un portail dont sortent des créatures et des monstres. Avec l'aide d'un mentor venu d'une autre dimension et de quelques pouvoirs un peu pourris , les deux copines doivent tuer et prélever des organes sur dix monstres (ça tombe bien il y-a dix épisodes) pour refermer le portail et sauver le monde.

Je ne vais pas être trop sévère avec Astrid And Lilly Save The World pour la simple et très bonne raison que cette série n'est tout simplement pas pour moi et que son cœur de cible se situe bien plus à mon avis vers les dix / treize ans. Ce qui est vraiment dommage en revanche, et même assez agaçant, c'est que la série avait un vrai potentiel si elle avait choisit une écriture et une orientation juste un tout petit peu plus adulte pour creuser des thématiques qu'elle ne fera que survoler. Il y-avait matière à explorer les affres de l'adolescence tout en traitant par le prisme de ces deux jeunes filles rejetées et moquées du fait de leurs rondeurs la thématique du harcèlement scolaire, mais jamais Astrid et Lilly Sauvent le Monde n'ose gratter un poil plus loin que la surface des choses. Dans ce même ordre d'idées certains monstres qui matérialisent et explorent des traumatismes de l'enfance et de l'adolescence avaient de quoi mettre en lumière qu'avant de devenir adultes tout n'est pas qu'un chemin facile sur lequel on gambade le cœur rempli d'innocence. Un monstre qui se nourrit de vos larmes, un autre qui vous condamne à revivre en boucle le pire moment de votre courte vie, un autre qui explore vos pires cauchemars, un qui exacerbe votre confiance en vous même … Sans aller creuser jusqu'aux tréfonds de l'horreur humaine on pouvait penser que ces monstres serviraient de catalyseur pour explorer les confrontations parfois violentes de l'enfance et l'adolescence à la violence, au sexe, à la mort ou tout simplement aux angoisses profondes et propres à cette période de nos vies. Que nenni, tout est survolé par dessus la jambe et tout se résume le plus souvent à de tristes enjeux amicaux et sentimentaux de sitcom pour adolescent(e)s. Quand lors du troisième épisode on constate en soupirant que le monstre des cauchemars doit être vaincu avec des jets de mayonnaise on se dit que la série va être très longue. Et puis tout semble un peu cheap et vide dans Astrid et Lilly Sauvent le Monde à l'image de ce lycée ou en dehors de quelques figurants de temps en temps on croise toujours la même poignée de personnages caricaturaux avec le rebelle ténébreux, la rigolote un peu perchée, le beau gosse sportif, la fille populaire et l'intello avec ses lunettes. Même les deux personnages principaux que l'on a plutôt envie d'aimer du fait de leurs statuts de freaks rejetés finissent par lasser avec leurs comportements de gamines, leurs histoires sentimentales et leur manque de profondeur.

Peut être que pour un jeune public la série propose un message positif d'ouverture aux autres à travers une aventure horrifique avec quelques frissons à l'intérieur, mais à mon âge canonique difficile d'y trouver la moindre satisfaction. Histoire de ne pas trop faire le rabat-joie non plus je sauverai un monstre à cheveux long pas trop dégueulasse et très inspiré des films d'horreur asiatiques et cette idée d'une contamination façon zombie mais qui pousse les infectés à reproduire une chorégraphie de danse un peu débile. Sans être une purge insupportable Astrid et Lilly Sauvent le Monde se laisse regarder d'un œil distrait et d'une attention toute molle sans pour autant jamais adhérer profondément à la proposition. Entre une référence à Buffy Contre les Vampires, ou autre à X-Files , un épisode autour d'une retenue qui a un petit air de Breakfast Club on suit donc les aventures des deux B.F.M. girly trop keupines et chasseuses de monstres sans attention, sans frisson et sans véritable plaisir.

Astrid et Lilly Sauvent le Monde est une série essentiellement destinée à un jeune public qui pourra frissonner sans le moindre traumatisme et s'interroger sur la tolérance envers les autres sans trop se froisser le cortex. Peut être que le show aurait pu grandir en maturité à mesure des futures saisons mais il restera bloqué sur cette première et pas très heureuse période.