Apagón
Apagón

Série Movistar+ (2022)

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des humains

Le thème du black-out n’est pas nouveau et a déjà été abordé en littérature [« Ravages » (1943) de René Barjavel (1911-1985), roman de science-fiction post-apocalyptique qui se déroule en 2052, « Malevil » (1972) de Robert Merle (1908-2004), qui se déroule en 1977 après une explosion nucléaire et qui a été adapté au cinéma en 1981 par Christian de Challonge], au cinéma [la liste étant longue, on peut citer ceux qui concernent plus la vie quotidienne des gens « ordinaires » tels que « Day the world ended » (1955) de Roger Corman, « Silent running » (1971) de Douglas Trumbull ou « Soleil vert » (1973) de Richard Fleischer] et même dans des séries télévisées américaines telles « Jericho » (en 29 épisodes de 43 mn, diffusée sur CBS entre 2006 et 2008) de Stephen Chbosky et Jon Turteltaub]. La saison 1 de la série « Apagón » l’aborde en y introduisant des thèmes actuels. Le 1er épisode, réalisé par Rodrigo SOROGOYEN est le meilleur, tout en tension et montrant les préparatifs de la protection civile à Madrid (qui gère déjà un déraillement de train avec 43 morts) avant l’arrivée du black-out, dû à une tempête solaire (annoncée par des aurores boréales en Iran, en Suisse et en Russie) et qui va entrainer coupures électriques, arrêt des télécommunications et paralysie de l’économie. On y retrouve le style nerveux du cinéaste [« Que dios nos perdone » (2016), « El reino » (2018)] avec des plans très courts et la musique anxiogène d’Olivier ARSON (dont c’est la 6e collaboration avec le réalisateur), rappelant le bruissement des pâles d’un hélicoptère. Les premiers égoïsmes apparaissent (y compris d’Ernesto, directeur opérationnel de la protection civile, qui quitte son poste pour rejoindre sa femme à qui il a demandé de faire des provisions).

Le 2e, réalisé par Raúl ARÉVALO, traite des difficultés et des tensions de fonctionnement d’un hôpital. Cela pourrait se dérouler aussi en zone de guerre (Donbass par exemple, pour rester dans l’actualité). Là encore, on y voit le chacun pour soi (Gérard, chirurgien sénior, qui privilégie un ami de 30 ans aux règles de l’hôpital), le sens de la débrouille de la directrice de l’hôpital, Eva (troc avec des gitans, habitués à la pénurie et à l’adaptation, pour obtenir des batteries, des groupes électrogènes et du carburant) et le triage des patients à l’entrée de l’hôpital, en raison de la pénurie de médicaments, selon leur âge avec un seuil à 70 ans puis 60 ans. Le réalisateur y a mis un peu d’optimisme et d’espoir ( ?) avec la naissance d’un bébé à la fin.

Le 3e, réalisé par Isa CAMPO est le moins réussi car il traite de l’adolescence (pas très nouveau !) où Sofia se prend d’amitié pour une adolescente enceinte, livrée à elle-même avec d’autres jeunes en errance. Une situation ne nécessitant pas une catastrophe pour être abordée. Seul intérêt, l’épisode montre la difficulté à survivre en milieu urbain (récupération de l’eau de pluie, création de potagers, etc.), malgré la livraison (limitée) de produits alimentaires par l’armée.

Le 4e, réalisé par Alberto RODRÍGUEZ, est construit comme un western dans une montagne enneigée où des citadins luttent pour leur survie au détriment d’un berger (depuis l’âge de 10 ans), Cortelazor, et de son troupeau de chèvres et qui se termine dans un terminal de télécabines de la station de ski de Peñalara (culminant à 2 428 m) dans la sierra de Guadarrama, entre Ségovie et Madrid.

Enfin, le 5e, réalisé par Isaki LACUESTA, est centré sur un couple en crise (qui apparaissait dans le 1er épisode), le mari, Ernesto, responsable à la protection civile de la gestion de la crise du black-out à Madrid et sa femme, Alicia, qui retrouve un équilibre dans leur maison de campagne où s’installe la solidarité avec des travailleurs étrangers (Maroc, Sénégal) venus ramasser les olives et bloqués à cause du black-out.


bougnat44
8
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le 6 avr. 2023

Critique lue 28 fois

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