14 Sai no Haha
6.7
14 Sai no Haha

Série NTV (2006)

C’est l’image de la jeune fille recroquevillée qui m’a intriguée au départ. Puis, en lisant le synopsis, je l’ai trouvé très intéressant d’autant qu’il aborde un sujet de société tabou : le thème des adolescentes mères. Ici, c’est encore plus extrême dans la mesure où notre héroïne n’a que 14 ans quand elle apprend qu’elle est enceinte. Autant dire que c’est une pré-adolescente. Ce qui a retenu mon attention, c’est qu’on ait pris le risque d’aborder ce sujet en sachant que le Japon est quand même un pays où ce genre de choses est peu évoqué. Au final, on finit ce drama avec une bonne impression : le sujet est bien traité, même s’il y a quelques petits défauts et la progression se veut intéressante. Bref, j’ai vraiment aimé le regarder et je ne saurais qu’encourager les gens à faire de même.

Mais venons-en au scénario. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin quant au pourquoi du comment qui a conduit Miki, notre héroïne à tomber enceinte. Ce qui reste assez intéressant, c’est de montrer comment sa vie va changer du tout au tout. Quand on présente Miki, on la voit comme une collégienne de deuxième année prenant la vie comme elle vient et toujours très pétillante. Le premier épisode s’attache à montrer qu’elle respire la joie de vivre. C’est sans doute pour mieux amener les grandes décisions qui la feront grandir. Satoshi (le papa) est un collégien qui suit les mêmes cours du soir qu’elle. Au début, on a surtout l’impression qu’ils se parlent, mais sans qu’il y ait pour autant d’affinités particulières, même si Miki, par son caractère un peu survolté s’attache toujours à montrer le bon côté des choses. Une chose en entraînant une autre, ils vont doucement se rapprocher, mais pour autant, j’avais quand même du mal à percevoir une relation amoureuse pour être honnête, car en fait, sur cet aspect, on reste assez pudique (bon, c’est normal d’un côté), mais du coup, j’ai eu du mal à totalement rentrer dans cette romance qui me paraît plus esquissée que montrée. C’est à nous, en somme, de déduire les choses. On ne voit rien (bon, encore heureux hein^^), mais on comprend qu’ils sont passés à l’acte. C’est comme si l’implicite jouait un peu sur leur « faute » (j’ai quand même pensé que la pauvre Miki pour sa première fois essuyait une sacrée déconvenue…). La manière dont tous les enchaînements s’enchaînent est bien mise en scène. Il y a une progression de l’insouciance vers la responsabilité. Et on assiste à tous les bouleversements qui vont secouer Miki, que ce soit la découverte de sa grossesse, en passant par la réaction des parents (très crédible d’ailleurs), le thème de l’avortement ou encore le choix de garder l’enfant, impliquant un grand nombre de conséquences. J’ai vraiment aimé voir comment Miki quittait l’enfant qu’elle était pour rentrer par la force des choses dans la peau d’une adulte, certes, mal assurée, mais devant faire des choix.

Comme souligné, les thèmes abordés sont des thèmes assez durs. L’avortement pose un vrai cas de conscience par exemple. Si les parents ne voient que ce moyen pour que leur fille continue une scolarité normale, on montre également qu’un tel acte ne peut se faire et reprendre ensuite une vie normale. Mais on souligne aussi tous les risques liés au fait de garder l’enfant, car Miki n’ayant que 14 ans, cela implique plus de dangers liés à son âge et son corps encore en pleine croissance. D’ailleurs, j’ai appris certaines choses à ce sujet. Mais on a aussi le rôle très important de la société : quel regard la sociéte peut porter sur une mère adolescente aussi jeune ? Et c’est justement le rôle justement du journaliste : Kazuaki Haraguchi. Pour vous dire vrai, il m’a agacée dans son obstination à ne pas lâcher Satoshi et Miki. Voulant à tout prix découvrir le fin mot pour lever le voile sur cette adolescence qui se perd, il se montre assez insensible je trouve. Je ne dis pas que je cautionne ce que le drama montre, et d’ailleurs, je ne pense pas que ce soit le but, mais plus sensibiliser et essayer de porter un regard objectif, mais le manque de tact du journaliste est vraiment pénible. En outre, forcément, les réactions des gens ne sont pas des plus empathiques. Bien au contraire… La grossesse de Miki amène son lot de commérages, de médisances et surtout, ses parents sont incriminés et traités d’irresponsables. On voit que la société japonaise tend à se montrer beaucoup plus dure à ce sujet d’ailleurs. Enfin, j’ai eu cette sensation en tout cas. Donc, Miki, en plus de faire face à sa grossesse, doit surtout faire face aux autres. Son évolution se veut en adéquation avec ce qu’elle vit : au fur et à mesure, elle devient un parent en fait. La jeune fille fait des sacrifices énormes par rapport à ses parents pour éviter de plus les impliquer ou même Satoshi dont elle souhaite qu’il poursuive ses études. On la voit très souvent prendre sur elle, de façon à faire ce qui arrange le mieux.

Le rôle des parents est aussi très important. Dans un premier temps, soulignons la relation entre Satoshi et sa mère. Cette dernière l’ayant élevé seule, a une certaine conception de la façon dont son fils doit réussir sa vie. Elle pense que plus qu’un autre, il doit réussir. Et très sincèrement, j’ai pensé que l’étouffement et le fait que le milieu social de Satoshi soit élevé l’ont quelque peu perdu. Par moment, il m’agaçait également. Car, il reste pendant longtemps très passif en fait. On lui demande de prendre des décisions et il reste là, tétanisé. J’avais envie de le secouer parfois, car Miki, elle, c’est tout l’inverse. En outre, il a une certaine tendance à fuir. Mais pas de manière concrète non plus, mais c’est difficile à expliquer. Sur la fin, on sent enfin qu’il mûrit, même si ce n’est pas sans heurts. Quant à Miki et ses parents, la relation est d’abord assez conflictuelle. Le père, notamment, en vient même à la renier, avant de se raviser, car c’est une famille qui se soutient mutuellement en dépit de tout. Même s’ils ne sont pas d’accord avec le choix de Miki, ils vont quand même se montrer présents pour elle et ce que j’ai adoré, tout au long, c’est la relation entre Miki et sa mère. Cet aspect est d’ailleurs renforcé par un dialogue qui se déroule en voix-off entre la mère et la fille. Ainsi, on a l’impression de voir le recul qu’elles portent toutes deux sur cette année qui a bouleversé Miki. J’ai trouvé cela assez ingénieux.

Enfin, je terminerais sur le jeu des acteurs qui est vraiment convaincant. Alors, il y a des petits moments manquant de crédibilité (tout ne peut être parfait), mais dans l’ensemble, c’est vraiment bien. La détresse des parents, la réaction de Miki quand elle comprend qu’elle est enceinte, tout ce qui se déroule à l’hôpital également. On sent un vrai travail de documentation également lorsque le médecin évoque tous les risques. En plus, le fait d’avoir choisi une actrice (j’ai vérifié l’âge de l’actrice lorsqu’elle a tourné ce drama) ayant 13 ans à l’époque apportait une touche de crédibilité supplémentaire. Cela vaut également pour le personnage masculin (âgé de 16 ans à l’époque).

Et j’ajoute simplement que le choix des musiques est très bon !! J’ai vraiment beaucoup aimé les morceaux, sans compter que l’opening est très recherché avec les personnages qui sont comme des fœtus. Bref, une jolie réussite de ce côté-là pour moi.
Heyden17
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le 18 nov. 2014

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