Larmes silencieuse...

Je ne sais pas vraiment s'il s'agit de mon rhume de cerveau qui a baissé drastiquement mon niveau de sérotonine déjà relativement bas. Peut-être est-ce aussi le poids des années qui commencent à se faire sentir à l'approche de la cinquantaine. Une usure prématurée, une limite atteinte, une incongruité de mon mental, une hypersensibilité qui décide de mettre une clôture entre ma tête et mon coeur. A vrai dire, à mon réveil, ce dernier me racontait une certaine détresse. Comme à mon habitude, j'ai fait appel à ma tête afin de refaire revenir mon esprit cartésien. Normalement, lorsque trop investi émotionnellement, revenir à des mathématiques émotives fait tomber la pression et arrange,pour ainsi dire, la presque totalité du problème. Cette fois-ci, c'est a croire que le coeur ne veut rien savoir de ma tête et lui crache à la gueule en le rendant totalement inutile. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ça va faire 4 heures précises que je me torture le mental afin de sortir du marasme actuel. Rien à chier. "Tu es triste et tu le resteras mon enfoiré de dégénéré du système limbique..."

Je sais, je n'ai même pas encore parlé de la chanson. Pour une raison particulière cependant . Le piano me fait mal. Donc, j'y vais en douceur. Depuis mon enfance, on m'a affublé d'un corps de brute mais assorti d'un coeur de guimauve. Suffit d'une petite flamme pour qu'il se consume entièrement. Là où le bas blesse toutefois est dans mon incapacité à passer par dessus en ce moment. Un peu comme si mon coeur ne voulait rien savoir de ma tête et avait plutôt l'intention de communiquer uniquement avec mes yeux. "L'afflux est trop important pour moi" dirait le coeur. " Tu vas devoir lâcher le torrent à toi seul cette fois. Moi, je n'en peux juste plus" terminerait-il en mouillant les globes oculaires...

Pour ceux qui me connaissent, j'ai toujours écrit ne pas savoir ce que je fous ici, ne cadrant dans aucun putain de décor. Ni professionnellement, ni amoureusement, ni psychologiquement, ni... Ça cadre pourtant très bien avec le titre en question. Et je recherche encore comment la musique peut souvent être synchronisée avec nos émotions. C'est vrai merde, tu feels hargneux et soudain t'apparait un morceau metal venu de nulle part. Malheureusement, aujourd'hui, il s'agit d'une émotion inconnue. Oui, de la tristesse. Simplement, mes schemes ne la reconnaissent pas comme a l'habitude. Plus lancinante, ça ressemble plutôt à une crise de larmes silencieuses. Presque aussi douloureuse qu'un deuil, c'est a se demander si il n'y a pas quelque chose de mort à l'interne...

Honnêtement, si il fallait donner une image du sentiment éprouvé actuellement , j'opterais pour un objet en fin de vie. On voit bien les symptômes annonçant la fin en tentant de maximiser son utilité. Mais on sait que tôt ou tard, ça s'éteindra de manière plus ou moins brutale. L'objet peut toutefois être remplacé. Un coeur, c'est triste, mais ça ne marche pas comme ça...

Je tolère et j'ai toujours toléré diverses émotions comme l'agressivité que je contrôle assez bien. J'ai même réussi à toléré le deuil. Même chose pour des boulots ingrats ou je ramasse inlassablement la merde des autres. Rationnellement, ma tête explique au coeur que j'ai des choses à payer, que je dois me contrôler afin de pouvoir continuer ma route sans trop de heurt. Et bien, cette fois, le coeur n'en a plus rien à foutre. Il n'écoute même plus les convictions de la tête. Il se sent floué de ne pas avoir été écouté lorsqu'il avait mal. Alors, il prend sa revanche. Et, je ne pourrais décrire comment mais il est beaucoup plus puissant que je ne l'imaginais. Ça fait un mal de chien. La retenue des larmes est d'autant plus souffrante puisqu'il se crée un bouchon atroce entre la gorge et les yeux. J'aimerais dire à mon coeur que je vais l'écouter cette fois mais, par je ne sais quel hasard, il comprend trop bien que je ne sais pas comment.

Souvent, on se dit que l'on ne correspond pas à ce monde. La chanson,elle, entreprend sa course a sens inverse. C'est ce monde qui ne correspond pas. Et je serais plutôt d'accord. Maintes fois, j'ai eu l'impression que ma mentalité était saine et que la plupart devraient en prendre exemple. Tristement, je suis bien le seul. Y a plus personne autour. Pas même l'écho de ma propre voix. Ressentir le vide ne m'a jamais autant semblé aussi réel qu'un évanouissement dans la pénombre. ( fade to black). Y a une rage qui essaie de déplacer le sentiment de tristesse afin de prendre une pause. Ça a toujours fonctionné jusqu'ici. Sitôt les larmes se pointent, l'agressivité prend le relais afin d'éviter l'émotion douloureuse. C'est bien là ( à l'instant présent, je casserais tout autour de moi. Tout y passerait : démission, destruction d'un loyer a chier, foutre le feu à ma voiture qui s'en retourne, démolition des genoux de certains ennemis , cris guttural pouvant probablement se rendre jusqu'à notre père qui est aux cieux... Rien n'y fait. Le manège est connu par mon coeur. Impossible de le leurrer aujourd'hui...

Enfin, je crois pertinemment que mon coeur crie vengeance. Qu'il me parle en ce moment. Son discours ressemblerait vraisemblablement à ceci: " écoutes moi bien mon espèce de grosse merde, soit tu nous trouves une solution pour que je cesse d'avoir mal,et tu remarqueras que tes yeux aussi en ont plein le cul, qu'ils ne peuvent plus supporter de regarder ta vie en tentant toujours d'y mettre de la couleur sans succes, soit...".

Ma tête elle : " il s'agit d'un ultimatum ?"

" Brailes, frappes, détruis tout, pries, fais ce que tu veux. Mais règles le problème maintenant..."

Je savais bien que ça arriverait bien un jour ou l'autre. Je n'en ai pas pris soin et maintenant il me le fait payer. Et je n'ai pas de solution. Je n'y arrive pas. Pas de main à tenir, pas de lueur, pas d'excuse à lui fournir. Seulement un homme seul qui joue au dur sans en être un. Trop fragile pour ce monde qui ne correspond plus à rien pour un coeur fissuré.

Vas-y alors petit coeur... Vas trouver le repos. Je t'ai négligé trop longtemps. C'est ma faute. Allez... moi aussi, je suis fatigué. On fera le chemin ensemble...