Génie et frissons. Ce sont les deux premières choses qui me viennent en tête quand je pense à ce morceau que j'ai écouté en boucle durant toute mon enfance, et que je continue d'écouter avec toujours la même émotion que j'avais eue lors de ma première écoute.


Génie, c'est évident. Ce morceau entier est une improvisation jazz au piano seul, exercice très difficile s'il en est, qui rebute même les plus grands musiciens : pour faire de l'impro, il faut être inventif, oser, et en même temps avoir de grandes connaissances en terme d'harmonie, de rythmes... Réussir non seulement à le faire, mais en plus le faire avec une telle maîtrise, c'est du pur génie. Car Keith Jarrett sait exploiter les thèmes qu'il crée, et s'amuse avec comme s'ils étaient des jouets qu'il venait d'inventer - on l'entend même chanter à certains moments, son bonheur se transmet et c'est un vrai plaisir de l'écouter. Il sait casser le rythme pour en imposer un autre, passer d'une idée à l'autre avec une fluidité exceptionnelle : c'est une impro et pourtant rien ne semble être fait au hasard, rien n'est raté, tout est d'une maîtrise brillante et l'on ne voit pas les minutes passer. En même temps, l'intimité du concert lui donne un côté plus doux, plus profond : ce n'est pas un bête étalage de virtuosité, c'est l'artiste qui s'exprime sur son piano dans la plus grande simplicité.


Et frissons, car c'est ce que je ressens à chaque fois que je l'écoute. Des frissons dans tout le corps face à ce génie frisant, voire atteignant la perfection. Des frissons d'émotion, de liberté, de voyage dans ce temps parallèle que Keith Jarrett créé avec ses doigts.


Je pense sincèrement que Keith Jarrett a fait un cadeau au monde en offrant cette improvisation qui est un souffle de liberté, de simplicité et de sincérité. Oui, cette improvisation est un souffle, une respiration au milieu d'un monde qui peut paraître violent et absurde : Keith Jarrett a créé, pendant 20 minutes, un petit havre de paix. Alors, si jamais le monde vous paraît trop dur et que la vie n'a pas l'air d'en valoir la peine, souvenez-vous que ce morceau sera toujours là pour vous rappeler ce qu'il y a de beau en ce monde.

PuduKazooiste
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le 22 mars 2020

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