Göttingen
8.4
Göttingen

Morceau de Barbara ()

En 1964, Barbara doit se produire à Göttingen, en Allemagne. Les souvenirs de la guerre sont encore douloureux et la chanteuse monte sur scène à reculons. . Le lendemain, Barbara, qui au départ ne voulait rien voir de l’Allemagne, accepte de suivre les étudiants qui lui font visiter toute la ville, y compris l’ancienne maison des frères Grimm. Elle est agréablement surprise par la beauté de la ville, par le fait que ses hôtes parlent français et par la chaleur de l’accueil. L’avant-dernier jour, elle écrira finalement "Göttingen" dans un petit jardin jouxtant le théâtre. Ce véritable manifeste pour la paix et la réconciliation lui vaut, 30 ans plus tard, d'être décorée de l'ordre du mérite fédéral allemand.


J'ai toujours été bouleversée par la magnifique voix de Barbara et par la mélodie mélancolique de cette chanson mais aussi par le sens qu'elle donne à ses paroles.


Dans les six premières strophes de la chanson, on comprend comment Barbara a été séduite par le charme de cette ville et surtout par ce peuple allemand qui était autrefois ses ennemis. Pour la première fois, elle voit l’Allemagne comme le pays des frères Grimm, comme celui d’enfants blonds amis qui sont les mêmes enfants qu’en France. Dans la troisième strophe, elle remercie les étudiants Herman, Peter, Helga et Hans qui lui ont fait découvrir et aimer cette ville. Quand elle évoque les enfants blonds, de la mélancolie ou des roses de Göttingen, on peut se demander pourquoi elle nous émeut malgré tous ces stéréotypes, qui auraient pu être ridicules. Si elle nous émeut c’est parce que cette chanson est un message de paix mais aussi de vigilance.


« Et tant pis pour ceux qui s'étonnent Et que les autres me pardonnent, Mais les enfants ce sont les mêmes, A Paris ou à Göttingen »


Par cette strophe, elle annonce le véritable sujet de sa chanson, au delà de l’esthétique et du charme de Göttingen, il s’agit de la relation aux personnes autrefois ennemies et elle parle en premier lieu des enfants, des étudiants qui sont innocents, car ils sont nés après la guerre. Et à travers ces enfants, elle se réconcilie avec l’ensemble du peuple Allemand. Mais se réconcilie ne veut pas dire oublier, elle rappelle tout de suite après la violence de la guerre en souhaitant qu’elle ne revienne plus :


O faites que jamais ne revienne Le temps du sang et de la haine Car il y a des gens que j'aime
A Göttingen, à Göttingen


Et surtout, elle souligne le fait que malgré tout l’amour qu’elle porte à cette ville, elle reste tout de même consciente que la paix n’est peut être pas éternelle.


Et lorsque sonnerait l'alarme, S'il fallait reprendre les armes, Mon cœur verserait une larme Pour Göttingen, pour Göttingen


De quelle alarme parle-t-elle ? Celle qui annonce la guerre, le début des combats, la mobilisation, la résistance. Comme dans le chant des partisans, qui était le chant des résistants.


Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu´on enchaîne? Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c´est l´alarme. Ce soir l´ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.


C’est la patriote française qui parle, sans aucune ambiguïté, s’il fallait reprendre les armes, elle reprendrait les armes pour son pays.

LauraSpleen
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le 13 mars 2016

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