Le texte mis en musique par Britten en 1956 pour la maîtrise du St Michael’s College de Tenbury est du poète George Herbert(1593-1633). Il s’agit d’une antienne (antiphon en anglais), donnant la parole tour à tour au chœur, aux hommes et aux anges. Le mot fold a ici le sens d’enclos, de bercail (en rapport bien évidemment avec la métaphore de Dieu comme berger).


« Chorus : Praised be the God of Love, / Men : Here below – Angels : and here above, / Chorus : Who hath dealt his mercies so / Angels : To his friend – Men : and to his foe: / Chorus : That both grace and glory tend / Angels : Us of old – Men : and us in th’end. / Chorus : The great shepherd of the fold/ Angels : Us did make – Men : for us was sold. / Chorus : He our foes in pieces brake, / Angels : Him we touch – Men : and Him we take. / Chorus : Wherefore since that he is such, / Angels : We adore – Men : and we do crouch. / Chorus : Lord, thy praises should be more, / Men : We have none – Angels : and we no store. / Chorus : Praised be the God alone, / Who hath made of two folds one. »


Le chœur est chanté par l’ensemble des choristes, tandis que les anges le sont par trois sopranos intervenant à tour de rôle et les hommes par l’ensemble des voix graves du chœur. Ainsi le texte comme sa mise en musique sont-ils structurés par un quadruple, voire quintuple jeu d’oppositions : la séparation (anges ou hommes) face à l’unité formée par le chœur des anges et des hommes ; anges face aux hommes ; solistes (anges), à raison donc d’un seul soliste à la fois, face aux pupitres de ténors et basses (hommes) ; voix aiguës face aux voix graves (opposition faisant elle-même écho soit à la division sexuelle [femmes face aux hommes] lorsque les voix aiguës sont chantées par des femmes, soit à la division des âges [elle-même liée à la sexualité {puberté}] lorsque les voix aiguës sont chantées par des garçons comme ici, et comme le préférait sans doute Britten).
La réduction du dualisme à l’unité va être mise en scène de façon spectaculaire à la fin de l’œuvre, à travers un ultime dialogue, ajouté par Britten, entre les anges et les hommes. Aux incantations angéliques sur le mot one, chanté sur un accord consonant, répond pour commencer le refus obstiné des hommes sur le mot two, sur des accords de plus en plus dissonants. À noter que cette fois les trois sopranos figurant les anges chantent ensemble, et non tour à tour comme pour leurs interventions précédentes. Mais les hommes finissent par rendre les armes en chantant à leur tour le mot one sur un accord consonant, bientôt rejoints par les anges. Magique…


https://www.youtube.com/watch?v=zyppOcDEeF0

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le 31 déc. 2020

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