Zendegi
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Zendegi

livre de Greg Egan (2010)

Je l'ai su assez vite (mais bon, une fin peut facilement tout gâcher...).


Voilà ce qu'on appelle, dans le langage jungien, une synchronicité.
J'ai terminé ce bouquin hier soir. Juste après avoir appris que l'extrême-droite et les macronistes étaient devant aux élections européennes.
presque 50% de votants stupides, en France, ça fait peur. Il m'a fallu une bonne série de yoga détente pour arriver à m'endormir sereinement, c'est dire...


Avant cette séance nécessaire, les pensées ont tournoyé un long moment dans mon esprit : sur le triste constat des élections, sur le livre fini et refermé, sur le croisement presque irréel de son sujet avec ma propre histoire (lol, non je ne suis pas iranienne, je ne suis pas non plus clonée dans un jeu vidéo, je vais vous expliquer, parce que le coup de coeur était inévitable...), et donc forcément ensuite sur mes parents, m'ont tenue éveillée très tard.


Que de souvenirs sont remontés en lisant la première partie (2012) de ce livre. Manifestations réprimées dans la violence, rappelant à la mère de Nasim les manifestations contre le Shah d'Iran.
Pourquoi ? Parce que quand j'étais enfant, mes parents avaient, de par le métier de mon père, beaucoup d'amis, de passage ou à demeure, étrangers. J'ai vu passer chez moi japonais, chinois, iraniens, gens de couleurs et de nationalités diverses. Une des meilleures amies de ma mère est chilienne. J'avais oublié tout ça. Oui. Disons que c'était passé à l'arrière-plan de mes souvenirs depuis longtemps. Mes parents ont beaucoup de défauts, lors de ma dépression, il m'a fallu ressortir et remettre à plat le pire. du coup le meilleur était "parti" dans les limbes... Depuis quelques années, tout ça s'est apaisé, et me reviennent, peu à peu, les bons souvenirs, aussi.
Ce livre a tout fait remonter de ces amitiés "étrangères" passagères ou longue durée de mes parents, qui étaient également de bons moments pour moi.


Un de ces amis que nous voyions très souvent était iranien, médecin, acupuncteur il me semble... Il avait quitté son pays suite à des menaces sous le régime impérial. Il a repassé tous les examens en France pour pouvoir exercer, s'est ensuite marié à une française.
J'avais 14 ans quand le Shah d'Iran est tombé. Je me souviens de sa joie. Il n'était pas question qu'il rentre, mais il suivait tout ça de très près, exactement comme Nasim le fait dans le livre. Je me souviens également de sa désillusion concernant Khomeiny, ensuite. Exactement comme le père de Nasim dans le livre.
Tout ce dont il nous parlait décrivait ce qu'Egan nous décrit en première partie, de la même façon...
Comment voulez-vous que je n'ai pas un coup de coeur pour ce livre ?


En plus c'est bien écrit, comme toujours avec Egan. Sujet creusé à fond, documenté, journalistique, donc. Avec un personnage très attachant, Martin, des personnages secondaires iraniens non moins attachants.
Sachez, amis lecteurs, que TOUT ce que décrit Egan dans ce livre est basé sur une réalité vraie, arrestations arbitraires, dénonciations, tortures, tout est vrai. Y compris les histoires de réseaux (téléphoniques avant), sociaux ensuite, coupés sauf pour l'armée, les systèmes bancaires etc, pour empêcher les manifestants de communiquer et de s'organiser, ou de prévenir de violences étatiques...
A l'heure où l'extrémisme politique montre ses sales canines pourries en France, rappelez-vous que vous étiez prévenus. Venez pas pleurer après. L'extrémisme politique est le même que le religieux, vous faites pas d'illusions. Vous lui ouvrez la porte, soit. Ensuite il faudra assumer, hein...


La seconde partie, plus "anticipation", nous décrit des jeux vidéos impliquant un possible "clonage" de l'esprit humain dans les systèmes informatiques, utilisés ici dans des jeux vidéos en immersion (casque).
Tout parent d'enfant petit s'est forcément posé les questions que Martin se pose. J'aurais fait ce qu'il fait dans le livre, si j'avais pu.
Je le sais, ces questions-là, nous les avons discutées avec mon homme quand nos enfants sont nés, on avait fait une lettre qu'on laissait dans notre placard "à papiers", pour dire "qui devait élever nos enfants si on venait à décéder brutalement".
Enfin bon, tout dans ce livre m'a parlé. Identification totale, remontée de souvenirs, prévenir contre les tyrannies, quelles qu'elles soient, moi j'ai totalement adhéré du début à la fin.


Coup de coeur absolu.
Après vous en faites ce que vous voulez... :)

Valerie_Freefounette
10

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Créée

le 27 mai 2019

Critique lue 115 fois

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Valerie Tatooa

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