Voyage au bout de la nuit par poupetto

La grande fatigue de l'existence n'est peut être en somme que cet énorme mal qu'on se donne pour demeurer vingt ans, quarante ans, davantage, raisonnable, pour ne pas être simplement, profondément soi-même, c'est à dire immonde, atroce, absurde. Cauchemar d'avoir à présenter toujours comme un petit idéal universel, sur-homme du matin au soir, le sous-homme claudicant qu'on nous a donné.

Livre très noir, déprimant, mais qui met de bonnes claques. Je préfère cependant mort à crédit qui est comme une version du "voyage" avec plus d'humour. Si je devais trouver un défaut à voyage, c'est qu'il est un peu long. Il est divisé en plusieurs parties, la guerre, l'Afrique, l'Amérique, retour en France; et ces parties sont assez inégales en intérêt. Le livre s'essoufle dans sa deuxième partie, si bien que la noirceur devient un peu lourde et peut donner l'impression que Celine surjoue le pessimisme. En outre sur la fin on reste assez longtemps avec des personnes peu intéressants voire assez détestables (Robinson, sa copine, les Henrouille); dans mort à crédit on a un peu ce type de personnages, mais l'humour rend le tout plus agréable à suivre. Mais après tout, le voyage n'est sans doute pas fait pour être agréable à lire, davantage pour déranger et secouer, ce qu'il réussit à 100%