Petite chronique rétro ici, avec un livre que j’ai dévoré pendant le confinement. Le fameux Vol au-dessus d’un de coucou, de Ken Kesey. Comme beaucoup, c’est avec l’image très Shining-esque de Jack Nicholson que je me suis plongé dans cet ouvrage (bien que l’adaptation ciné du roman de Kesey soit sortie 5 ans avant celle de King par Kubrick).
L’histoire se passe dans les années 60, dans un hôpital psychiatrique de l’Oregon, et est narrée par Bromden, surnommé « chef », un patient de l’établissement. Homme d’origine amérindienne à la carrure imposante, il se fait passer pour sourd-muet auprès du personnel et des autres patients afin d’avoir une vie plus tranquille et solitaire.
L’asile est géré d’une main de fer par Mlle Ratched, qui impose sur tous son autorité, même sur les médecins. Ce quotidien va se retrouver complètement bouleversé par l'arrivée d’un nouveau patient. Criminel jouant la folie pour éviter la prison, McMurphy va s’opposer à la direction et entraîner d’autres patients avec lui, sous prétexte de prendre leur défense. Passant peu à peu de querelles verbales à actes de violence…
Cette opposition entre un McMurphy joueur, opportuniste, manipulateur, et une Ratched sadique, tyrannique, froide et quasi inhumaine est la grande force du livre. Les deux personnages ne peuvent cohabiter ensemble et aucun des deux n’est prêt à lâcher du terrain sur l’autre. Un duel dont le lecteur peut deviner de suite les possibles conséquences tragiques.
Avant d’écrire son livre, Ken Kesey a été aide-soignant dans un hôpital psychiatrique, cette expérience renforce le sens du détail et le réalisme du roman. Il nous offre une œuvre puissante, très critique à l’égard de l’enfermement psychiatrique, dans laquelle la guérison n’est jamais vraiment une option. C’est également une métaphore du mouvement de révolte, de soif de liberté qui secoua les Etats-Unis dans les années 60. Un classique de la littérature contemporaine américaine.