Encore une grande nouvelle de Stefan Zweig dans la droite lignée de "lettre d'une inconnue". L'histoire principale est amenée de manière simple dans une sorte de petit jeu de poupée russe : une situation en amène une autre à travers un flashback. Le présent ne sert finalement que de petite introduction pour que la vieille dame anglaise, Mrs C..., nous raconte les 24h de passion qui ont changé sa vie.
Zweig a un certain talent pour arriver à se passer de grande description de décor, de l'époque ou des personnages, pour arriver à se concentrer sur l'essentiel : l'analyse des sentiments. En effet, excepté le personnage de Mrs C..., aucun autre personnage n'est vraiment approfondi, à tel point que le narrateur n'est finalement là que pour que Mrs C... s'adresse directement au lecteur. Zweig réussit à rendre palpable le grand tourbillon de sentiments qu'a pu ressentir la vieille dame au cours de 24h après sa rencontre avec un jeune homme de 24 ans. On se fait complètement prendre au jeu, curieux de voir comment cette curiosité face à ce jeune homme va évoluer (j'ai vraiment cru que le tout allait rester platonique !)
Globalement, j'admire vraiment la capacité de Zweig à proposer une écriture vivante, libre, très expressive tout en conservant une facilité de compréhension à toute épreuve. Tout le chapitre consacré à l'analyse des mains du jeune polonais m'a littéralement sidéré. Arriver à rendre aussi captivant une description de mains qui jouent au casino au travers de comparaisons animalières et d'effets de style en tout genre, m'a vraiment impressionné. Quel style !
Tout ce que je pourrai reprocher à cette nouvelle est de parfois trop faire insister la vieille dame sur le fait que c'était la première fois qu'elle ressentait ce genre d'émotions, ça a pu être légèrement redondant à une ou deux reprises mais rien de dramatique. 24h de la vie d'une femme reste une nouvelle prenante, étonnante, vivante et très agréable à lire.