Ébauche d'un bréviaire doxographique

Nous ne saurions douter de la pertinence de l'œuvre de Diogène Laërce, tant ce livre a réussi à traverser les siècles tandis que la plupart des écrits des philosophes illustres de la Grèce antique que l'auteur présente ne nous sont parvenus qu'à l'état fragmentaire, et ce dans le meilleur des cas.

L'ouvrage n'est pourtant pas exempt de défauts, autant sur la forme que sur le fond. Le choix des chapitres est questionnable, combien s'avère-t-il utile de citer un personnage sur lequel il n'est qu'au plus trois phrases à dire (ex: Glaucon, Simias, Cébès), les grandeurs disparates des chapitres désharmonisent l'ouvrage, laissant mal à penser que les plus longs seraient le fait d'une prééminence de renommée, c'est en réalité à la fois le nombre d'anecdotes et le résumé d'un courant de pensée qui déterminent la longueur d'un chapitre. Il est regrettable de ne pas avoir rédigé un chapitre introductif sur la pensée globale de chaque école plutôt que d'empiéter sur la doxographie d'un philosophe particulier. Au niveau du fond, le cheminement biographique tenté par l'auteur laisse le lecteur confus quant au déroulement chronologique de la vie des personnages tant il parsème d'anecdotes ses récits. Il y a également à redire sur la pertinence des intégrations testamentaires. Et enfin, ce serait une erreur de se reposer exclusivement sur les écrits de l'auteur pour être en mesure de comprendre les écoles qu'il se propose de développer.

Malgré la flagrance des défauts, nous percevons la volonté d'objectivation des différents philosophes et des écoles qu'ils représentent, le recensement de leur bibliographie (quoiqu'elle prenne souvent beaucoup d'espace) et de leurs homonymes, ainsi que la biographie (désorganisée) et le développement de leurs idées nous rapprochent du travail encyclopédique. L'ensemble est écrit agréablement, les anecdotes racontées sont plaisantes à lire, l'auteur cite de nombreuses sources, gage de sérieux et d'érudition. En outre, cette œuvre peut tout à fait servir de base dans l'approche de la philosophie antique et des diverses écoles représentées, surtout en la décortiquant de tout son contenu obsolète ou inutile (ex: la philosophie physique). Il s'avèrera pertinent de consulter les pages Wikipédia des philosophes mentionnés pour comparer le travail (où Diogène Laërce ne manque jamais d'être cité) et de garder en mémoire pour quelque temps ces illustres auteurs.

Je cite à la fin de cette critique la citation, l'anecdote et la pensée qui m'ont le plus marqué sans m'étaler sur leur signification.

Antisthène (fondateur de l'école cynique) : « faites plus de cas d'un homme juste que d'un parent. »

Diogène de Sinope (cynique le plus célèbre), réflexion à un homme efféminé : « ne rougis-tu pas de ce que la nature a eu de toi meilleure opinion que toi-même ? elle t'a fait homme et tu t'efforces d'être femme. »

Épicure (fondateur de l'épicurisme) : sa pensée sur la mort dans la lettre à Ménécée.