Il y a peu, je m’insurgeais contre le « Le dernier des nôtres » d’Adélaïde etc…arguant qu’il ne suffisait pas de faire se croiser Andy Warhol et son héroïne au sein de la Factory pour écrire un roman américain.
Parlant de son livre « Une putain d’histoire » Bernard Minier, lui, disait ceci. : « …ce n’est pas un authentique roman américain : c’est un authentique hommage au roman américain, écrit par un auteur français… » Or quand on lit les trois pages de remerciements qu’il adresse aux personnes qui l’ont aidé, de Seattle à Vancouver, on se dit que l’auteur s’est, malgré tout, solidement bien imprégné de son sujet.
Ceci étant dit, si l’action s’était déroulée sur l’île de Ré, cela n’aurait rien changé. Soit. Tout est nouveau dans ce roman. Une délocalisation outre-Atlantique, l’auteur qui abandonne le commandant Servaz et la narration à la première personne, celle d’Henri, ado de seize ans. Minier n’a heureusement pas modifié ce qui fait son succès : noirceur, peur et danger.
L’action se déroule sur une petite île imaginaire (dont l’auteur a même dressé une carte) où la vie s’écoule au rythme des ferries reliant ses habitants au continent. Vivent là, Henri et ses amis, petit club très fermé d’ados désœuvrés. Très vite Henri est suspecté du meurtre de sa petite amie… Va alors s’installer un huis-clos oppressant entre ces ados insouciants et des adultes dont les visages vont se faire de plus en plus grimaçants.
Très bon roman sur cet âge ingrat que peut être l’adolescence mais merveilleux quand il appartient encore à l’enfance où tous nous puiserons au moins un souvenir dans ceux d’Henri et ses amis. Formidable ode aussi à la nature de ces îles isolées battues par les vents, secouées par les tempêtes et recouvertes de l’écume frémissante des vagues qui explosent sur les rochers. Et aussi cette pluie, cette fichue pluie qui n’en finit pas et ne laisse au gens de répit que pour tomber plus fort encore. Formidable thriller, évidemment, impeccable et implacable dans lequel nous entraîne Minier avec ses phrases courtes et sèches comme des uppercuts et son sens inné de la métaphore, souvent riche.
Un léger bémol et un petit goût de déception pour la fin un peu trop…Mais après 500 pages, il fallait bien en finir d’une façon ou d’une autre.

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le 26 janv. 2017

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