Grande fresque s'étalant du début des années 50 jusque dans les années 80, Une Prière pour Owen c'est avant tout l'histoire de l'amitié entre le narrateur, John Wheelwright, et son meilleur ami Owen. Sous la plume de John on traverse donc les décennies, des fifties décontractées jusqu'aux années Reagan, en passant par le Vietnam et ses contestataires, les hippies. Dur donc de résumer un livre aussi dense (700 pages), sachez juste que l'événement creuset autour duquel toute la réflexion du livre s'axera est la mort du narrateur, tuée accidentellement par Owen qui lui envoie une balle de base-ball en pleine tempe. Rien que ça.

Plus que John Wheelwright, c'est Owen le héros du livre. John est transparent, puceau, banal, tout le contraire de son ami Owen. Lui est presque une sorte de messie. Le livre tourne autour de lui, constamment. Owen est à la fois très intelligent, charismatique, provocateur. C'est un messie, moraliste, vertueux, ce qui ne l'empêche pas d'être porté sur le sexe ou l'alcool. Owen qui dirige à onze ans une pièce de théâtre, Owen qui déboulonne une statue de Marie-Madeleine pour l'installer dans son école, Owen qui abreuve ses interlocuteurs de pensées diverses et variées sur tous les sujets possibles et imaginables. Et surtout sur la foi. Parce qu'il est croyant. Chacune de ses interventions est en majuscule dans le livre, comme pour retranscrire par écrit l'étrangeté de sa petite voix de fausset.

Le début du livre m'a paru étrange. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que la foi occupe une telle place au sein du livre. Cette question est primordiale. Dieu dirige t-il nos destins ? Owen est-il une marionnette du Seigneur comme il semble le croire ? Plutôt que de tenter de convaincre, l'auteur donne matière à réfléchir. L'athée y verra de quoi se conforter dans ses positions, le croyant aussi. Et puis Irvine n'est pas tendre avec les religions. Ni avec l'Amérique d'ailleurs. Il règle ses comptes à travers son narrateur, toujours violent. Il déteste l'Amérique et les Américains et le fait savoir.

Pourtant pas vraiment passionné par les questions religieuses, je me suis laissé prendre par l'histoire, par toute cette galerie de personnages très développés, par la mélancolie qui émane de l'écriture très limpide de l'auteur, et finalement, ai dévoré ce roman, et vite regretté cette famille une fois la dernière page tournée, et surtout j'ai regretté Owen. Quelle fin !
Assez lent, très dense, ce livre se révèle sur la longueur, une fois que le lecteur se sera habitué à ce petit monde.
LeChiendeSinope
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le 4 mai 2010

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