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Une femme fidèle
6.9
Une femme fidèle

livre de Kyoka Izumi (1896)

Ce petit livre (114 pages, avec la courte préface, dans une police de caractère relativement grosse) comporte Une Femme fidèle (74 pages) et L’Histoire de Biwa (36 pages), deux récits qui datent tous deux de 1896 (publication à un mois d’intervalle).


La réputation du premier récit peut s’expliquer par sa construction qui nous apporte régulièrement des informations capitales tout au long de ses 15 chapitres. De plus, il semble révélateur de plusieurs caractéristiques de son auteur, Izumi Kyōka (1873-1939), à savoir son goût pour le fantastique (léger), son romantisme (à une époque où le naturalisme dominait) et des situations sentimentales impossibles que les protagonistes s’avèrent incapables de résoudre autrement que par la violence (qui fait écho à celle de la courte guerre sino-japonaise que l’auteur réprouve) : ce que nous apprend la préface. Il y est question d’une femme mariée qui n’aime pas son mari. À son domicile, elle discute avec un autre homme, avec qui elle se sent en confiance. Que fait cet homme chez elle, qui est-il ? Et qu’éprouve-t-elle pour lui exactement ? Nous ne l’apprenons que progressivement. Le titre donne une indication de la mentalité de la femme, héritée de son éducation. Le dénouement sera cruel.


L’Histoire de Biwa


Le récit séduit par sa concision et par cette opposition immédiate entre un homme et sa femme qui ne s’aiment pas non plus. Le face-à-face initial ne laisse aucun doute : ils ne se feront pas de cadeau. Lui sait que sa femme en aime un autre, mais il va faire le nécessaire pour qu’elle ne puisse jamais ne serait-ce que le revoir. Elle promet à son mari qu’elle le trompera sans hésitation si l’opportunité se présente, ce qu’elle tentera évidemment de provoquer. Là aussi le dénouement est particulièrement cruel, après une montée en tension impitoyable. On notera que Biwa est un perroquet à la blancheur immaculée (le blanc, couleur du deuil pour les Japonais), ainsi que quelques détails évoquant les us et coutumes japonaises.


Bref mais dense


Selon mon impression, le second récit est le plus marquant des deux, car il fait intervenir davantage d’éléments révélateurs, non seulement de la manière de son auteur, mais aussi des mentalités et de l’ambiance dans le Japon de l’époque. Ainsi, celui que la femme aime, est un soldat qui doit partir à la guerre et elle ne fait mystère ni de son amour pour lui ni de ses intentions jusqu’au-boutistes. Quant à Izumi, malgré son choix de la concision il s’avère capable d’en dire long, en particulier sur la condition féminine de son époque, avec audace.


Critique parue initialement sur LeMagduCiné

Electron
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le 6 déc. 2023

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