Tous à Zanzibar
7.4
Tous à Zanzibar

livre de John Brunner (1968)

J’ai lu Tous à Zanzibar et je suis bien embêté parce qu’il y a beaucoup de choses à en dire et que sa préface, lisible ici : http://www.quarante-deux.org/archives/klein/prefaces/lp27180.html, fait déjà du très bon boulot à ce sujet. Je conseillerais plutôt de la lire après le roman, mais un petit survol peut malgré tout en donner une idée générale. John Brunner a écrit ce livre en 1966 et fait tenir son action en 2010. L’important ici est que l’auteur n’a pas voulu faire rêver le lecteur à coup d’extraterrestres ou de physique quantique, mais plutôt imaginer l’avenir tel qu’il aurait pu être. Pour citer la préface, « l’avenir décrit par Brunner est en continuité directe avec son présent. » Evidemment, ce 2010 est sensiblement différent de celui que nous avons vécu mais certains de ses traits s’apparentent tout de même à de beaux éclairs visionnaires.

Résumons à la louche : dans ce 2010 fictif, dominé par des médias omniprésents et une surpopulation galopante combattue par des législations eugéniques drastiques, une puissante multinationale américaine envisage d’investir dans un petit pays africain, les Etats-Unis sont en guerre avec un pays du Pacifique, et faire tout péter dans la rue est devenu chose commune. Au milieu de tout ça, un sociologue porté disparu continue de vivre à travers ses critiques acérées de la société, lues par des milliers de gens, et un ordinateur n’est pas loin d’accéder à la conscience. L’histoire principale mêle en fait assez classiquement des enjeux (géo)politiques (avec quelques surprises venant d’un livre écrit en 1966), financiers et un zeste de science-fiction (l’ordinateur quasiment doué de conscience constituant le nœud du roman, avec la génétique). A vrai dire, c’est surtout son style et sa construction qui donnent à Tous à Zanzibar un cachet particulier et qui font qu’il mérite vraiment qu’on s’y attarde. En effet, là où certains passages font avancer l’intrigue normalement, d’autres balancent au lecteur du contexte brut (des extraits de livres, de reportages ou encore de la publicité) sans plus d’explication, et c’est au lecteur d’en tirer les conclusions adéquates. C’est là que le livre est à la fois le plus déroutant et le plus passionnant.

Disons au final que ce n’est pas un livre facile. Son histoire, assez dense, prend du temps à démarrer et s’y retrouver s’avère parfois compliqué. Toutefois, on se prend vite au jeu de détecter les prédictions les plus ou moins pertinentes, sans parler des oublis par rapport à la réalité. Il n’y a finalement pas tant d’auteurs que ça qui, à l’époque, se sont attelés à décrire précisément la décennie actuelle. D’ailleurs, c’est peut-être le moment ou jamais de le lire car la comparaison ne sera plus jamais aussi amusante à faire.
Nonivuniconnu
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lus en 2014

Créée

le 8 mars 2014

Critique lue 755 fois

5 j'aime

Nonivuniconnu

Écrit par

Critique lue 755 fois

5

D'autres avis sur Tous à Zanzibar

Tous à Zanzibar
Marcus31
8

21st century schizoid man

Ce bouquin, offre, et c'est son intérêt majeur, la possibilité de découvrir la façon dont un écrivain de science-fiction avait envisagé - il y a un demi-siècle - notre époque. Bien plus que 1984...

le 23 août 2017

11 j'aime

7

Tous à Zanzibar
M_le_maudit
10

Tous à Zanzibar : un livre prophétique ?

Et bien ! Quelle claque ! J'avais lu ici où là que Tous à Zanzibar était un classique de la S-F, une œuvre phare et incontournable, de ces grands anciens dont la simple mention devrait encore...

le 28 mai 2014

7 j'aime

4

Tous à Zanzibar
Le-debardeur-ivre
4

Dur...Tres dur...

Tous à Zanzibar , ou Stand on Zanzibar dans la langue de The Clash , est un roman de science-fiction écrit par John Brunner et parut en France en 1972. Écrivain britannique , Brunner est surtout...

le 7 janv. 2017

6 j'aime

2

Du même critique

Rayman 3: Hoodlum Havoc
Nonivuniconnu
8

Je finirai bien par les retrouver.

Pourquoi j'ai envie de rejouer à Rayman 3 ? - Parce que le méchant mesure 10cm et s'appelle André. - Parce qu'on y voit Globox se bourrer la gueule comme c'est pas permis. - Parce que c'est super...

le 16 août 2011

23 j'aime

4

Pacific Rim
Nonivuniconnu
7

Dans ta tronche.

Pacific Rim, c’est avant tout des GROS MONSTRES contre des ROBOTS GEANTS. Les robots géants, c’est les gentils. Les gros monstres, c’est les méchants. Voilà pour le contexte. Les gros monstres...

le 28 juil. 2013

13 j'aime

7