Tortuga est le premier livre de « vraie piraterie » que j’ai eu l’occasion de lire et je dois bien avouer que j’y ai pris un véritable plaisir. Une mise en abîme bien loin du mythe du pirate hollywoodien (nous y reviendrons plus tard) et des films de J. Deep qui ont trop tendance à présenter cette figure haute en couleurs comme le héros romantique libre et coquin des temps modernes.

Ici il est plus souvent question d’assauts sanguinaires, de gorges tranchées et l’odeur du sang est presque perceptible dès la première page du maître italien du roman moderne : Valério Evangelisti :

« Rogério de Campos crut sa dernière heure arrivée. Le pont du Rey de Reyes ressemblait au sol d’un abattoir. Du sang le maculait et ruisselait de toutes parts, au milieu des mats abattus, des amas de voiles et des enchevêtrements de haubans fracturés. »

L’histoire débute très brutalement en narrant l’ultime aventure des « frères de la Côte » : la principale confrérie de flibustiers des Caraïbes. Le frère jésuite Rogiero, suite à l’assaut des pirates, est capturé et va voir son destin changé au milieu de sa « nouvelle famille ».

Intégré de force grâce à sa qualité de maître d’équipage, notre héros va devoir littéralement réapprendre à vivre et fournir un réel effort d’adaptation pour survivre (donc se faire accepter) dans son nouvel environnement en 1685 : année charnière de la flibuste caraïbaine.

Vous allez découvrir que la vie des pirates est très structurée et organisée telle une microsociété : nous sommes bien loin de l’anarchie souvent présumée, les rôles sont bien déterminés, le capitaine est élu parmi ses pairs et peut être destitué suite à un nouveau vote, la vie sur le bateau est extrêmement rude et les haltes sur la terre ferme excessives. Bref personne ne rigole.

Les flibustiers n’ont qu’un seul but : l’or, soit l’enrichissement personnel : » tout ce que nous voulons c’est de l’argent et nous faisons fi de toute règle. Nous nous emparons de tout et vendons de tout, y compris des hommes. Nous sommes le futur et personne ne nous arrêtera « .

Evangelisti, historien de profession utilise de véritables faits et introduit un grand nombre de personnages qui ont bel et bien existé : comme de Cussy, De Graaf et surtout De Grammont ainsi que de Lussan, un des seul pirate écrivain dont les récits représentent la référence historique de cette période.

Amateurs de rhum, de sang, de vocabulaire et tactique maritimes, jetez vous sur ce roman qui mixe habilement fiction et réalité (le contexte diplomatique entre la France et l’Espagne est passionnant).

TLBH
madamedub
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le 10 sept. 2012

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