Surface par loeilnoir

Capitaine de la brigade des Stups de Paris, Noémie Chastain défigurée à la suite d’une intervention qui a mal tourné, devient « gueule cassée » à raccommoder tant de l’extérieur que de l’intérieur. Devenue indésirable dans la brigade où son visage défiguré rappelle sans cesse les risques du métier à ses coéquipiers, peu soutenue par ses supérieurs, abandonnée par son amant, elle est envoyée au fin fond de l’Aveyron. Sa mission officielle est de renforcer les équipes, l’officieuse est d’établir un rapport visant à supprimer le commissariat de Decazeville. Dans cette cité réputée calme, outre les petites vieilles qui s’égarent et les retraités qui meurent coincés dans leur monte-escalier électrique, il ne se passe rien ou presque. Alors que Noémie Chastain s’apprête à remonter sur Paris, verdict en poche, un « léger contre-temps » l’en empêche… Un squelette découvert décomposé dans un fût au fond d’un lac, la colonne vertébrale brisée.

Entre le bouleversant Entre-Deux-Mondes et le très engagé Impact, le récit que nous propose Olivier Norek avec Surface se rapproche plus du thriller classique avec une bonne intrigue qui mêle deux époques différentes et se déroule dans une ambiance provinciale, très éloignée de celle de la trilogie Victor Coste… Et pourtant, quel roman ! Face à la puissance du premier chapitre, j’ai su immédiatement que j’allais aimer cette histoire, même si le déroulement de l’intrigue est finalement bien plus calme que ce prologue terriblement efficace. Impossible de résister à Noémie Chastain: rien de tel que cette scène initiale comme première rencontre avec un personnage ! On la découvre brisée, on la suppose en mille morceaux, fragile physiquement et psychologiquement, et elle se relève avec une force de caractère exemplaire, une motivation à toute épreuve. Nous partageons la répulsion qu’elle éprouve face à son propre corps, sa peur et ses doutes et finalement on l’accompagne dans ce combat pour retrouver son honneur et sa dignité.

Sur un sujet plutôt lourd, -d’un côté Noémie « qui déguste » après s’être fait tirer dans le visage et de l’autre une enquête qui tourne autour de meurtres d’enfants- Olivier Norek nous offre un récit savamment dosé en humour et suspense. L’épreuve que traverse Noémie semble en effet la soustraire à toute convenance en matière de relation humaine : les dialogues sont souvent cocasses, elle n’y met ni la forme ni les mots, le résultat est percutant ! Sans parler des clins d’oeil aux amis auteurs…

J’ai trouvé que l’auteur était une fois de plus là où on ne l’attend pas, et le résultat est très maîtrisé, efficace et rythmé ! L’Aveyron, il fallait y penser mais le lieu choisi est la promesse d’une énigme passionnante : un village englouti dans un lac de montagne pour les besoins d’un barrage électrique… J’ai refermé à regret ce roman, tant je m’y sentais bien ! A lire sans hésiter…