Sur la dalle
6.2
Sur la dalle

livre de Fred Vargas (2023)

Pour damer le pion à mon éclaireur favori qui m’a lancé un défi avec un roman où il est question d’une sorte de dialogue entre une fillette décédée à l’âge de douze ans et son âme errante vieille de plus de six-cents ans… voici les aventures de Malo-Auguste de Coëtquen, comte de Combourg, dit « le Boiteux », qui perdit une jambe à la bataille de Malpaquet en 1709, jambe qui fut remplacée par un pilon de bois, et dont la destinée veut que cette jambe de bois hante toujours le château de Combourg assortie d’un chat noir et parcourt la nuit les escaliers du château, mais se hasarde parfois jusqu’au village voisin. Or figurez-vous qu’il y est réapparu depuis quelques semaines, qu’on entend son pilon frapper les pavés dans la nuit, après une absence de quatorze années annonçant à chaque fois une mort violente prochaine !
Le match est engagé… Qu’en penses-tu, éclaireur de mes nuits ? Moi aussi me voilà plongé dans l’irrationnel …
Mais avec Fred TOUT est possible. Depuis le sosie de Chateaubriand jusqu’aux "piétineurs d’ombres" en passant par des puces affamées et même des hirondelles blanches…


Frédérique Audoin-Rouzeau connue sous le nom de plume de Fred Vargas (pseudonyme choisi à partir de celui de sa sœur jumelle Jo Vargas, artiste peintre, en hommage à Maria Vargas, personnage joué par l'actrice Ava Gardner dans le film "La Comtesse aux pieds nus") est une romancière française née à Paris en 1957. Titulaire d'un doctorat en histoire de l'université Paris 1, elle a travaillé pendant 15 ans comme chercheuse au CNRS en archéozoologie.
Elle soutient en 2018 le collectif européen « Pacte Finance Climat » destiné à promouvoir un traité européen en faveur d'un financement pérenne de la transition énergétique et environnementale pour lutter contre le réchauffement climatique.
À partir de 1991, elle édite une série d’ouvrages mettant en scène le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, flâneur, flegmatique et dépourvu de véritable méthode d'investigation. « Sur la dalle » est le dixième opus de la série.


Alors, comme annoncés, les crimes se succèdent dans ce village hanté par le fantôme nocturne et tout semble accuser un pauvre résidant qui a la malchance non seulement de ressembler à François-René vicomte de Chateaubriand (qui a séjourné au château de Combourg) mais de se nommer lui-même Josselin de Chateaubriand – un descendant sans doute – dont le nom et la ressemblance servent d’attraction aux touristes. Mais "Pas touche", en haut lieu on veut protéger le capital touristique qu’il représente et on envoie le célèbre commissaire sur les lieux pour élucider l’affaire.
Et un Adamsberg qui réfléchit parce qu’il est paumé, parce qu’il "ne sait pas", c’est quelque chose : « Pour ceux qui connaissaient Adamsberg, réfléchir ne signifiait nullement s’asseoir à une table, le front posé sur une main. Mais marcher de son pas lent, laissant les idées de toutes sortes – il ne faisait pas le tri – flotter au rythme de sa marche tanguante, se croiser, s’entrechoquer, s’agglomérer, se disperser, en bref les laisser agir à leur guise. » Et il cherche Jean-Baptiste, il met bout à bout tout ce qui se présente, il "extravague", et plus les idées semblent farfelues et plus elles l’intéressent : on cherche les barbus ou ex-barbus ou néo-barbus, ceux qui ont un poulailler, et ceux qui ne sont pas gaucher… ou gaucher, etc.


Eh bien non, plus Adamsberg réfléchit, même du haut de son dolmen en s’allongeant sur « La Dalle », plus Fred complique l’affaire, même en donnant à Retancourt des allures de Spiderman (laissant loin derrière le capitaine Marleau), et moins la mayonnaise prend. On s’attend à de l’extravagant et on obtient du banal, on espère l’abracadabrant et c’est l’ordinaire qui navre, on escompte enfin du loufoque et tout est normal… Il semblerait qu’en six années d’abstinence Fred ait perdu beaucoup de sa verve créatrice et de son esprit insolite ! Le merveilleux univers Vargassien aurait-il disparu en même temps que la recluse ?...
Un livre d’une banalité désolante… Adieu Fred, on t’aimait bien, tu sais…

Philou33
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le 19 juin 2023

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Philou33

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