Si je vous dis « amour » dans Star Wars, il y a de fortes chances pour que vous me parliez de la romance Leia Organa – Han Solo, ou de la soupe à l'eau de rose entre Anakin et Padmé. Les plus chelou d'entre vous évoqueront Luke – Leia dans les épisodes IV et V, mais je n'ai pas envie de parler de ça.
Si Star Wars nous enchante sur presque tous les points, il laissait sur leur faim les plus fleur bleue d'entre nous. Mais ça, c'était avant que Claudia Gray nous ponde Étoiles Perdues. Pour moi, la plus belle histoire d'amour de la saga, que je vous recommande chaudement maintenant, les lignes suivantes dévoilant certainement des points-clés de l'intrigue.


Nous suivons ici, Ciena Ree et Thane Kyrell. Deux enfants de Jelucan – ex-planète séparatiste annexée par l'Empire – elle, vient des vallées, pauvres ; lui, de l'aristocratie locale. Tout semble les opposer si ce n'est leur amour commun : les vaisseaux. Ayant pour ambition d’intégrer la flotte impériale, ils s'aideront mutuellement afin d'atteindre leur but.
On a ici le début d'une histoire, une rencontre entre deux âmes qui s'attacheront, peu importe les conséquences.
D'après moi, pour qu'une histoire d'amour fonctionne, il faut qu'elle soit extraordinaire. Lire ou voir des romances basiques, que tout le monde pourrait vivre, ne m'intéresse pas, ça m'emmerde. Et pour être extraordinaire, il faut que ses acteurs soient travaillés et que les obstacles et les enjeux soient hors du commun. Ici c'est le cas, la relation entre Ciena et Thane fonctionne dès le début. Depuis leur rencontre, on voit ces deux gosses grandir et s'apprivoiser, leur candeur nous touche directement, ils ne s'aiment pas encore mais sont déjà unis, leur complémentarité en vol en témoigne. Mais l'amour naissant sera mis à rude épreuve tout au long de leur vie.


Déjà, ils entrent à l'académie impériale et les tensions s'accumulent. Ils y feront des rencontres marquantes, notamment Jude, une jeune femme à l'esprit scientifique, et Nash, un garçon d'Alderaan. Moi qui ai généralement du mal à m'attacher aux personnages impériaux, je me suis surpris d'être triste quant au sort de Jude, (par contre, celui de Nash, je m'en fout – je sais, on ne se refait pas).
Nos deux héros progressent au sein de la hiérarchie jusqu'au premier grand moment, la prise de conscience de Thane. D'alliés, ils passent à ennemis. Ils passent par tous les sentiments l'un pour l'autre : la peur, la colère, la haine... bien qu'encore liés. Leurs peu de moments ensemble sont intenses et les voir se séparer est un déchirement. Jusqu'à la toute fin, seize ans après le début de leur histoire, on ressent l'amour vibrant et indéfectible qui les uni, un lien qui les oppresse mais qui les libère, une fidélité sans faille au-delà de leurs obédiences opposées.
Le départ de son amant met en exergue les dilemmes moraux de Ciena : comment quelqu'un de foncièrement bon peut-il supporter la tyrannie de l'Empire ? Le sens de l'honneur, si important pour les familles des vallées, est-il plus important que la morale ? On a envie de la pousser, de l'encourager, de faire sauter pour elle ses barrières pour qu'enfin elle puisse vivre selon ses propres règles.


Pour envelopper cette romance, Claudia Gray nous fait redécouvrir les moments et les lieux les plus marquants, sous un autre angle. Ma vision globale des grandes batailles comme Yavin IV ou Hoth s'est étoffée, je sais enfin qui pilotait tel destroyer ou tel chasseur, qui était à bord de l’Étoile Noire lors de sa destruction..., j'ai donc de nouvelles émotions quand je revois la trilogie. Enfin, comme dans Tarkin, de Luceno, on en apprend plus sur le système impérial, on y est immergé tout au long du roman.


Maintenant, puisque aucune œuvre n'est parfaite et afin de pondérer mes propos, j'énoncerai ici quelques détails qui m'ont un peu déçus à la lecture.
On a malheureusement droit à quelques facilités narratives. Il faut lier Ciena et Thane coûte que coûte, il faut qu'ils vivent des expériences communes traumatisantes alors on fait fi de la cohérence. Quelle organisation militaire autoriserait un haut gradé, capitaine de vaisseau par exemple, à partir pour une intervention risquée dans un simple chasseur (sans boucliers déflecteurs, qui plus est) et sans soutient d'artillerie, alors que la situation de la dite organisation est au plus mal, avec une hiérarchie décimée ? Alors, effectivement, on a peur pour eux, mais ça ne tient pas debout. On a droit à quelques petits moments improbables comme ça, nos deux amis se rencontrent trop facilement. Un désir de la Force, sûrement.
Autre chose, je parlais précédemment des récits exclusifs des grandes batailles de la trilogie, je regrette qu'elles ne soient pas plus détaillées. Je veux bien qu'on se focalise sur nos deux tourtereaux mais quand même ! Des batailles majeures expédiées en quelques paragraphes... le pire étant celle de Jakku, vu que nous ne l'avions jamais vu. On apprend seulement comment le gros destroyer stellaire que Rey dépouille dans l'épisode VII s'est écrasé, pas même un bref aperçu des forces en présence ni du déroulement de la bataille. C'était la victoire décisive contre l'Empire, voilà... c'est la fin.
Une fin que j'aurais voulu plus conclusive. C'est très personnel, mais je n'aime pas du tout les fins ouvertes. Je m'attendais à une apothéose pleine d'émotions, mais non. Tout juste une petite lueur d'espoir. J'attends maintenant la suite, s'il y en une.


Claudia Gray, déjà auteur du très bon Liens du Sang, nous offre ici une romance aux allures shakespearienne, marquante et profonde mais pas exempte de défauts. Mais ceux-ci s'oublient rapidement grâce au style de Claudia, très facile et dynamique, et à la charge émotionnelle du bouquin. C'est du Star Wars pur jus, une petite histoire au sein du grandiose de l'univers.

lulufurax
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le 13 mars 2018

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