Silo est un roman post-apocalyptique et dystopique, qui met en scène une humanité (de taille réduite) vivant dans un gigantesque silo (environ 140 étages, visiblement très espacés) et constituant une société très organisée et totalement codifiée; des fourmis en quelque sorte. C'est un bouquin qui semble t'il a connu initialement le succès en auto-édition (sur internet) et qui à mon sens présente des qualités à la fois quant à la forme et quant au fond.
Sur la forme d'abord, sa construction narrative est ainsi pensée que la situation post-apocalyptique du monde n'est révélée qu'au fur et à mesure que l'on progresse dans le roman, au fil des événements, et ce au même rythme que le personnage principal (une femme, Juliette) la découvre. Il ressort un véritable effet d'immersion pour le lecteur, qui en vient à se poser les mêmes questions que les protagonistes du roman.
Effet d'immersion renforcé par un style un peu monocorde, suintant la tristesse, déprimant (au point que la lecture peut en être ralentie, il faut s'accrocher un peu au début !) et aussi extrêmement descriptif, notamment pour ce qui concerne le silo et les diverses machineries, installations et procédés qu'il abrite. Cela étant fort heureusement contrebalancé par un scénario rythmé, dont le tempo s'accélère dans le dernier tiers, ce qui donne parfois à l'histoire de faux airs de thriller.
Sur le fond, l'incorrigible idéaliste que je suis n'a pas pu s'empêcher d'y trouver une forme de critique sociale acérée. Howey nous décrit une société verticalisée au propre comme au figuré (avec ses étages hauts et ses étages bas, les plus profonds d'entre eux étant occupés par ceux qui travaillent sur les machines : génératrice de courant électrique, foreuse pour le pétrole, etc.), société qui interdit toute pensée originale, immédiatement considérée comme subversive et sévèrement punie. Les humains y sont regroupées en castes, chacune étant identifiée par un code vestimentaire (une salopette d'une couleur particulière) et n'ayant que des contacts réduits avec les autres. La caste dominante est constituée par l'inquiétant D.I.T, département technologique qui contrôle les serveurs informatiques et les technologies de communication, mais aussi la sécurité, pour ne pas dire les moyens de répression. Et sans en dévoiler plus, il sera également question à certains moments de manipulation d'images diffusées sur des écrans...
Bref, une société parfaitement inhumaine, mais le fond d'humanité qui subsiste en certains va bien entendu finir par ressortir, sinon ça ne serait pas drôle. Voilà, ce n'est pas l'humanisme exubérant d'un Bordage par exemple, mais ça n'en reste pas moins un vrai roman de SF humaniste.