(Lu en VO)
Stephen King figure parmi les romanciers les plus populaires et les plus actifs de notre époque. Depuis plus de quatre décennies, il écrit et publie de multiples romans. Il a pour réputation de se focaliser sur des histoires d'horreur, bien que ce ne soit pas son unique domaine. De lui, je n'avais lu que La Ligne Verte, un roman aussi excellent qu'était son adaptation. Puisque j'avais aussi vu Shining et que je l'avais beaucoup aimé, j'ai donc voulu m'attaquer au livre, dont l'adaptation filmique s'éloigne beaucoup. Toute comparaison se révèle par conséquent purement futile.
Dû à sa longueur, Shining essaie d'installer une ambiance dès ses premières pages. Pour un livre d'un demi-millier de pages, l'important était de bien le distiller. Là se trouve la principale qualité mais aussi le principal défaut du livre : l'angoisse et l'ambiance augmente progressivement pour atteindre leur paroxysme vers la fin. Il s'agit d'une inégalité importante, car le déroulement s'en retrouve fortement biaisé. La présentation et la visite de l'hôtel, qui s'étend sur les cent premières pages, ne s'avère ni passionnante, ni rythmée. Les lenteurs sont acceptables, surtout pour un roman de cette envergure, c'est pour cela que je regrette de ne pas avoir réussi à immerger dès le début.
Par la suite, Shining développe et maîtrise de plus en plus son sujet. Avec seulement trois personnages principaux, Stephen King est parvenu à les rendre très humain : on peut dire qu'il raconte un drame familial où des éléments fantastiques puis horrifiques s'insèrent dans une pauvre famille qui avait déjà rencontré de nombreux tracas. En l'occurrence, Jack Torrance est dépeint avec beaucoup d'humanité : ancien alcoolique, l'influence de l'hôtel viendra faire renaître en lui ses démons intérieurs, jusqu'à le déposséder totalement de son être. Il représente la figure du roman à mes yeux, bien devant Danny malgré ses facultés intéressantes et exploitées minutieusement. Quant à Wendy, elle se démarque particulièrement pour son comportement protecteur avec son fils et la rupture de son lien avec son mari, mais guère plus.
Les intentions sont présentes et intelligemment éparpillés : une pléthore de chapitre parsème le récit et comme ils sont de longueur différente, ils s'adaptent aux événements. Shining est alors narré avec davantage de points de vue que je ne l'aurais cru initialement. Cependant, un nombre élevé de chapitres implique nécessairement une certaine inégalité : alors que beaucoup accentuent l'angoisse et le mystère, d'autres paraissent vides, voire carrément inutiles.
Mais les cent-cinquante dernières pages rattrapent les inégalités des deux premiers tiers. Shining atteint son apothéose et propose un Danny livré à lui-même, une Wendy désemparée face à la folie de son mari et un Jack perdu par tous ses démons. Là, le livre gagne en rythme, il devient haletant, accrocheur, et à partir de ce moment, j'ai bien compris pourquoi il est considéré comme une référence de l'horreur. La fin est donc très bien menée, à l'exception de la quatrième étape narrative, dite "la résolution"
La chaudière avait été évoqué lors de la première moitié du livre, mais son explosion apparaît comme une facilité scénaristique, du moins à mes yeux.
Je n'ai pas assez d'expérience en la matière pour que mon humble opinion puisse décider de la réputation du livre. En tout cas, Shining est assez bon en la matière, mais aurait pu l'être encore plus si le début avait été mieux maîtrisé.