Honnêtement, c'est sur un coup de blues que j'ai acheté le nouveau roman de Titiou Lecoq. Je voulais me détendre un peu, ne pas me plonger dans un drame libanais (c'est fou ce printemps ce qu'il a pu sortir comme romans se déroulant à Beyrouth!) ni passer un moment dans les tranchées de la guerre 14/18. Plutôt que de continuer à creuser le trou de la sécu à coup de Prozac (non,rassurez-vous, je n'en suis pas encore à ce stade) et comme j'ai encore la chance d'avoir un peu de liquide ( c'était Lecoq ou les Seychelles.... un rapide coup d'oeil sur mes comptes m'ont fait rapidement opter pour la première), j'ai donc succombé à l'achat de cette oeuvre.
Force est de constater que l'effet fut souverain, j'ai passé un très agréable moment en compagnie de Titiou et de ses emmerdes (et quelques amours aussi). Pourtant, rien n'est original là dedans. Une trentenaire, la morve au nez parce qu'elle vient de se faire larguer, nous distille sa vie de débrouille, de coups foireux et de tracas ménagers. On a déjà lu ça cent fois. Nicole de Buron en faisait son beurre dans les années 70/80 (mais qui se souvient d'elle ? ), puis dans la foulée de Bridget Jones, tout le monde s'y est mis avec plutôt moins de bonheur (pour la littérature, pas pour le monde de l'édition qui a flairé le filon). Difficile donc de faire du neuf avec une recette vieille comme une chanson de Cookie Dingler. Et pourtant, j'ai marché. Il faut dire que Madame Lecoq (on ne dit plus mademoiselle...) a de l'abattage ! La plume plus qu'alerte, l'humour en bandoulière, la remarque qui fait mouche dix fois par page, on ne peut pas dire qu'elle ait lésiné sur la drôlerie. Ce qui fait la différence, c'est qu'elle a un vrai regard sur le monde qui l'entoure et des avis bien tranchés sur tout. Elle fonce dans le tas, gratte où ça fait mal, se moque de la bienséance et au final décrit le monde de ce siècle débutant aussi bien qu'un sociologue, l'humour en plus. Dans trente ans, on pourra se pencher sur "Sans télé on ressent davantage le froid" pour étudier ce qu'était une parisienne (un peu branchée je vous l'accorde) aux alentours des années 2010. On s'apercevra alors qu'elle est relativement libre malgré son manque d'argent dû à une conjoncture difficile, qu'elle baise d'abord et qu'elle drague ensuite quand le coït est à la hauteur de ses envies. Qu'elle aime autant les chats que les têtards.... ah oui, le têtard, c'est un bébé, mais n'est ce pas un peu pareil, ils arrivent tous les deux un peu par hasard. Que la maternité ne ressemble nullement à un livre de Mme Pernoud ( on le savait déjà sauf qu'ici le dézingage du soit disant plus beau moment de la vie est une totale réussite ).
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le 12 avr. 2014

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