Jean Herman, alias Jean Vautrin

Après avoir mené, sous son véritable nom, Jean Herman, une carrière de scénariste et de réalisateur à succès (Adieu l'ami, avec Bronson et Delon, c'était lui), Jean Vautrin avait choisi un pseudonyme balzacien pour se consacrer prioritairement à la littérature. Et c'est comme auteur de polars qu'il s'est d'abord fait connaître dès le milieu des années 70 avec une poignée de romans percutants pour la Série noire, A bulletins rouges, puis Billy-ze-Kick. Aux côtés de Manchette, Daeninck, Pouy et quelques autres, Jean Vautrin s'y révélait comme I'une des têtes de file du «néo-polar» dans un style cinématographique au montage frénétique qui culmine avec Bloody Mary et surtout Canicule, porté à l'écran par Yves Boisset, jubilatoire thriller agricole situé dans une ferme de la Beauce. Une anthologie regroupe cinq romans noirs de Vautrin, dont Le roi des ordures et L'homme qui assassinait sa vie, où l'écrivain (Prix Goncourt 1989 pour Un grand pas vers le bon Dieu ) renouait avec le genre policier. «Vautrin écrit black sur black ce que les autres refusent d'écrire» , explique en préface Gérard Mordillat qui a adapté au cinéma Billy-ze-Kick , autre réussite d'un fou du langage et d'un styliste hors pair.