Quand j'étais au lycée, les pièces historiques de Shakespeare me faisaient affreusement peur. J'avais l'impression qu'il fallait disposer d'une expertise historique considérable pour parvenir à s'y retrouver parmi cette galerie de monarques, de reines et de ducs.

Aujourd'hui, je ne suis malheureusement plus au lycée, mais la peur a disparu. Le fait de pouvoir accéder facilement à des résumés accessibles sur les périodes historiques en question (merci Wikipédia) a dû jouer. Au final, ce n'est pas si complexe que ça. Je peux donc sereinement découvrir une autre facette de Shakespeare.

Richard III prend place à la fin du XVe siècle, alors que deux factions, les Lancaster et les York, tentent chacune de placer leur monarque favori sur le trône de l'Angleterre. Après une partie de chaises musicales endiablée avec Henry VI, c'est finalement le favori des York, Edward IV, qui obtient un siège permanent. Néanmoins, une bonne partie de l'entourage de la reine reste favorable aux Lancaster, faisant de la cour un nid de complots permanents, dans un camp comme dans l'autre. La pièce nous fait suivre le parcours d'un de ces comploteurs, Richard, le duc de Gloucester, qui à force de manipulations et d'assassinats, finira par être couronné roi sous le nom de Richard III.

Bien entendu, la pièce ayant été écrite un bon siècle après les événements, ceux-ci y sont "légèrement" déformés afin de légitimer la dynastie ayant succédé au fameux Richard III (les Tudor, encore au pouvoir au moment où écrivait Shakespeare), et de faire passer celui-ci pour une véritable raclure. On a donc un Richard qui manipule sans états d'âme et massacre à tour de bras l'opposition, bref un personnage unilatéral mais néanmoins assez intéressant. On prend un certain plaisir à voir ses machinations se mettre en place, puis à assister à la chute du tyran.

Les autres personnages ne sont pas en reste, avec des nobles arrivistes et naïfs, des reines passionnées et inconstantes (les tirades d'Anne et Elizabeth sont parmi mes favorites de la pièce), et l'habituelle galerie de second rôles qui donne cette saveur particulière aux pièces de Shakespeare, entre assassins idiots et spectres vengeurs.

Il était temps que j'affronte mes peurs du lycée.
Melusca
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le 27 nov. 2012

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