Hitler, ayant émigré à New York, devient écrivain de SF. Un pitch intriguant pour une uchronie plus qu’originale. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, "Rêve de Fer" ne retrace pas le parcours alternatif de cet Hitler fictionnel mais présente dans son intégralité son œuvre phare: "Le Seigneur du Svastika", roman de SF à l'idéologie trèèèèès douteuse, suivi d'une critique littéraire en guise de postface et doté d’un paratexte imaginaire. Un récit enchâssé dans un autre, donc.
« Rêve de Fer » aborde donc le thème du nazisme d’une manière assez atypique. Il s’agit d’une parodie avant tout, qui arrive à la fois à être drôle et dérangeante. Drôle tellement, dans « Le Seigneur du Svatika », les traits relatifs au nazisme sont grossis et exagérés, leur ridicule étant mis en exergue (il suffit de voir la description qui est faite de Feric Jaggar, le personnage principal du roman dans le roman : beau, grand, blond, musclé, etc…) et dérangeante tellement la violence et l’idéologie dépeinte ici finissent par se faire pesantes, surtout dans la deuxième partie du roman, où massacres et exterminations sont magnifiés et justifiés (le parallèle avec certains événements historiques n’est pas compliqué à établir).
La fausse postface qui vient conclure le livre est assez fun, notamment via la psychanalyse qu’elle dresse de cet Hitler auteur de SF, même si elle souligne des éléments symboliques ayant sans doute déjà été compris par le lecteur, rendant le livre dans l’ensemble un peu trop poussif à mon goût.
Néanmoins, « Rêve de Fer » est le livre de science-fiction le plus original que j’ai lu depuis longtemps, et j’adore la façon dont il traite du nazisme, loin des stéréotypes des grandes fresques historiques. Il fallait avoir l’idée d’écrire un roman comme celui-là, et surtout il fallait oser aller jusqu’au bout de cette démarche.