Rêve de fer , ou The Iron Dream dans sa version originale est un roman uchronique de science-fiction écrit par l'auteur américain Norman Spinrad. Véritable agitateur , surdoué et héritier d'une science-fiction réellement rock n'roll , Spinrad - qui vit aujourd'hui à Paris à cause de sa contestation du gouvernement Reagan et par extension de ceux qui suivirent - connu un succès précoce , et plus particulièrement dans notre beau pays où ses romans furent les mieux acceptés ( un peu comme un autre surdoué de la littérature de science-fiction , notre cher Philip K. Dick ).
Ce roman pose une question centrale : Et si ,après la chute de l'Allemagne au lendemain de la 1ere guerre mondiale , Adolf Hitler s'était exilé aux Etats-Unis ? Et si il avait suivis là bas une carrière d'écrivain de science-fiction à quoi aurait ressemblé son plus gros succès littéraire? Rêve de fer est donc une audacieuse mise en abyme , dissimulant sous son titre global un autre livre : Le Seigneur du Svatsika , sorte de pulp ultraviril et lourdement référentiel.
Spinrad est un auteur qui impose le respect sur beaucoup de points. Il faut voir , par exemple , l'impact qu'eurent certains de ses livres : Jack Barron et l'Eternité qui semble être une critique avant l'heure du mass media , ou encore Les Fortunes de l'espace qui offre une vision érotique - surement osé - du space-opera. Et quand je cite ces deux romans à cet instant de ma critique , je me rends compte que j'aurais sans doute du commencer mon approche de Spinrad par ces deux romans au lieu de Rêve de fer.
Stérile , abusé et crypto-gay , ce roman dans le roman est pourtant une réussite. Un 10/10 , mais en un sens seulement. En effet , pathologiquement parlant , Rêve de fer est complet car c'est en effet le genre de fantasme qu'Adolf Hitler aurait pu avoir...mais d'un point de vue littéraire , son Seigneur du Svatsika est à l'image de son prétendu-créateur. Délirant , et lugubre , il est aussi rudemment mauvais. On découvre qu' Adolf Hitler aurait été un très mauvais conteur. On ne peut l'apprécier , voila tout ; un skinhead le pourrait , mais encore faudrait il que ces derniers sachent lire...
Spinrad , juif de naissance , dégage pourtant peu d’intérêt avec ce roman qui est clairement une critique du nazisme. Ce n'est pas réellement le genre d'oeuvre que l'on lirait agréablement dans les transports en commun , pour le plaisir ou pour s'évader. On fuirait un monde entaché d'un fantasme militaire , pour en rejoindre un autre tout aussi sale. Sa force réside néanmoins dans la préface - réelle cette fois ci - de Roland C. Wagner en début de livre , et sur le faux commentaire de la seconde édition du Seigneur du Svatsika qui clôture le livre et qui offre une profonde analyse du délire homosexuel et haineux d'Hitler.
Mais le reste se survole , ce qui est assez triste. Pourtant , l'idée de base , osée , me donne envie de croire en Spinrad , et dans le reste de son oeuvre qui semble assez jobarde et politique.