Hard-science n'a qu'un oeil !

Premier roman que je lis de Stephen Baxter, Retour sur Titan est un petit livre qui se lit très vite et sans effort, que j'ai globalement apprécié... vraiment ?

Dans un futur où le système solaire est dans l'ensemble bien colonisé grâce à la technologie des trous de vers, son inventeur et quelques pairs veulent pousser un peu plus loin l'exploration du grand vide spatial. Pour cela, ils ont besoin des ressources d'une lune saturnienne : Titan ! Sauf que ... il y a un hic (et donc un roman). Il semble que la vie soit finalement monnaie courante dans notre système solaire, et que le problème de la sentience (du latin sentio, sentis «percevoir par les sens», désigne la capacité d'éprouver des choses subjectivement, d'avoir des expériences vécues ; Merci Wiki) se pose à qui veut jouer avec les astres et leurs ressources. Titan n'échappe pas à la règle, bien sûr, et est interdite d'accès jusqu'à nouvel ordre. Ce qui pose un problème à nos inventeurs/investisseurs/chercheurs/ultra-capitalistes qui vont faire ce que fait tout bon accroc au pouvoir et à l'argent : outrepasser les règles et aller voir sur place si la vie que l'on sait présente a dépassé le stade de la bactérie.

Bon, ce postulat de base est déjà bancal et plein de faille, mais admettons. Il faut bien un prétexte à l'histoire, non ? On se laisse donc gentiment embarquer pour une virée sur Titan, et on s'attend à ce que ça parte en cacahuète. Ô surprise, ça ne rate pas...

Toute l'histoire repose là-dessus : des personnages monomaniaques vont d'avantage penser à mener leur petite expérience à bien, plutôt qu'à sauver leurs vies. Tous sauf un, le (anti)héros qui va sans cesse servir de girouette scénaristique et plus ou moins aiguiller les décisions des autres. On touche là un des nœuds du problème : tout est cousu de fil blanc du début à la fin, il n'y a jamais vraiment de surprise. On passe d'une révélation à l'autre sans vraiment s'émerveiller, frôlant toujours le Deus Ex Machina sans tout-à-fait y plonger. Deuxième soucis récurent, et le pire à mon sens : la hard science qui n'en est pas. Même si l'auteur amène ça avec un naturel confondant, quand on est habitué à de la hard-science sincère et authentique, on ne peut s'empêcher de tiquer face aux libertés prises par l'auteur avec certaines lois de la physique. Le futur ne permet pas de dire et écrire tout et n'importe quoi !

Alors qu'est-ce qui a valu à ce livre ma sympathie, malgré ces défauts pénibles ? C'est simple : il va droit au but. Pas de descriptions inutiles et laborieuses, d'explications qui veulent tout justifier, ou d'états d'âme des personnages. On vole de clichés en clichés, on enchaine les actes sans trop réfléchir et respirer, bref ! on prend l'œuvre pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un sympathique tueur d'ennui et de temps. Surtout, la fin est prévisible mais classe, c'est un peu celle que l'on attend et qu'on apprécie de lire en conclusion. C'est finalement ce qui a sauvé le roman pour moi, la petite douceur qui laisse un bon souvenir.

En conclusion, je dirais que c'est le livre idéal à prendre avec soi pendant un voyage en train, un week-end au vert, ou une après-midi sous la couette. Ca ne demande pas de réfléchir, ça occupe et ça laisse un souvenir pas désagréable. Un bon passe-temps, en somme !