Depuis le temps que ce bouquin traînait dans ma liste...
On m'en avais chanté les louanges sur différents salons de discussions, mais de ce que j'en savais avant de commencer ma lecture c'est que Simone Weil était une philosophe de la mouvance existentialiste chrétienne issu de Kierkegaard et j'en avais l'image d'un truc un peu fouillis qui m'attirait vraiment pas.


Avec mes vieux préjugés je m'attendais à voir une philosophie essayer piteusement de décrire une vision un peu réformiste de l'anticapitalisme puis à tenter tant bien que mal de la faire rentrer dans la théologie catholique par quelques pirouettes rhétoriques


Mais il n'en est rien...


J'étais vraiment loin du compte


A la place, j'ai trouvé une des meilleures critiques de gauche du marxisme et de la révolution prolétarienne que je n'ai jamais lu.
En fait ce livre est véritablement effrayant, pour deux principales raisons
La première c'est que non seulement Weil nous décrit des problèmes terriblement actuels, mais qu'en plus elle se livre à toutes sortes de prédictions sur l'avenir qui se révèle juste la plupart du temps.
Et la deuxième raison, la pire de toute, c'est quand on réalise que ce livre à été publié il y a plus de 80 ans et que les travers de la gauche qu'elle décrit sont toujours aussi présents, comme si la gauche avait oublié qu'il existait pas que deux choix entre le fait d'être communiste ou celui de vendre son cul au capitalisme tout en donnant dans le sociétal pour continuer de se prétendre de gauche (Je n'ai rien contre la finance mais je défend le mariage gay et je trouve qu'Hitler c'était pas bien je suis donc de gauche)


On a du mal à imaginer qu'une jeune personne d'à peine 30 ans ai pu écrire un ouvrage aussi lucide, intelligent et percutant. Une critique aussi efficace du marxisme dans ce qu'il a d'intrinsèquement inefficace dans sa prétendu mission de libérer les peuples de l’oppression.
C'est véritablement impressionnant quand on sais qu'à l'époque encore bien d'avantage qu'aujourd'hui, un intellectuel de gauche se devait absolument d'être marxiste.


A coté d'un théorie aussi brillante, la critique du marxisme que nous ont piteusement offert les membres de la philosophie post-moderne trente ans plus tard fais pâle figure (et on ne parlera même pas des "nouveaux philosophes").
Et c'est malheureux de se dire qu'aujourd'hui la plupart des gens de gauches, non seulement on été influencés par les post-modernes, mais ont en plus opéré une sorte de retour à Marx dans ce que sa philosophie à de plus non-fonctionnel, non-scientifique, presque religieux.


Parce que c'est là le plus gros problème de cette philosophie et Simone Weil le montre admirablement bien, c'est que le marxisme se veut une science alors qu'il repose grandement sur un petit ensemble de pétition de principes.


Hors mon avis depuis quelques années c'est qu'une des principales raisons qui fait que la gauche d'aujourd'hui est en décadence intellectuelle et en perdition politique, c'est qu'elle a réussi à s'auto convaincre qu'elle détenait une sorte de objectivité scientifique, de vérité absolu (ce qui est ironique pour des postmodernes qui appellent carrément pour certains à déconstruire les mathématiques)
C'est pour ça que le quidam de gauche moyen est si faible en argumentation.
Pour prendre un exemple : il beugle avec la meute "le racisme anti-blanc n'existe pas" ou lui demande ce qui lui permet d'affirmer une telle chose il nous répondra innocemment que "les sciences sociales l'ont prouvé".


Si notre ami de gauche avait conscience qu'il n'y a rien de scientifique dans cette affirmation, qu'elle correspond à une définition du mot racisme qu'ont élaboré CERTAINS sociologues de GAUCHE au sein de LEUR théorie, il ne répondrait pas systématique par cette belle ânerie


On rappelle rapidement que la définition que donne un auteur à un terme précis comme "racisme" au sein de son oeuvre ne lui permet en aucun cas de décréter que ce terme ne pourra plus jamais correspondre à une autre définition dans le langage courant, décrire le sens qu'ont les mots du langage courant, c'est le travail d'un lexicologue-sémanticien, et non d'un sociologue. Nier le caractère polysémique d'un mot et criminaliser tout emploi non conforme à un sens précis et unique porte un nom : la novlangue, mais je m'égare...


Tout cela pour parler de cette maladie de la pensée, dont je situerais les origines dans l'ambition qu'avais Marx de faire de la science, qui fais que le quidam de gauche vois dans le quidam d'en face une sorte de platiste des sciences sociales, au mieux un pauvre abruti qu'il faut éduquer, et au pire un obscurantiste à combattre au nom de la vérité.
Je parle de maladie de la pensée car avoir une telle vision de ses propres opinions empêche purement et simplement le principale moteur de la pensée de faire son travail, c'est à dire la dialectique, d'ou le pourrissement intellectuel de la gauche moderne qui s'enfonce inexorablement dans le non-sens et qui ambitionne de tout déconstruire (à part elle même bien entendu).


C'est Simone Weil, la fervente chrétienne, qui a montré aux athées de la gauche que leur pensée étais bêtement religieuse, et qu'il ne le réalisaient pas...

Plaisirman
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le 16 oct. 2020

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