Ce dernier thriller de M. Chattam commence fort. Dès le premier chapitre il vous prend aux tripes -surtout si vous êtes une petite nature sensible comme moi- et vous laisse entrevoir ce que sera la suite : un bon petit Chattam.
Après ses deux derniers thrillers axés sur une pluralité de tueurs et de sadiques liés entre autre chose par les liens du Mal, Chattam nous offre une petite pause.
Dans Que ta volonté soit faite, nous ne courrons pas après les pistes et les enquêteurs, nous ne sommes pas tiraillés par le temps, absorbés dans une course contre la montre.
D'ailleurs, je crois bien que ce livre est le plus reposant des thrillers de monsieur Chattam.
Les faits se sont produits et l'histoire se lit au présent mais se fige dans une chronologie passée. Les choses ont eut lieux, il n'y a plus rien à faire. Quelques soit les espoirs que l'on puisse avoir, si le livre s'étale sur plus de trois cent pages, il n'y a aucune chance que la course à la rage de Jon s'arrête soudainement et curieusement, ont en est conscient plus qu'à l'accoutumé. Ce que nous lisons, c'est l'histoire de ce sadique et non l'enquête sur ses crimes. Nous sommes passifs face à cette histoire et non plus intégré dans une enquête active. Pas de mobiles, pas de coupable, pas de pistes à remonter, nous connaissons déjà les faits, et seuls quelques petits détails nous échappant font tourner nos neurones.
Et cela, Maxime Chattam l'a bien compris : le diable se cache dans les détails et il compte bien s'en servir. Ainsi, malgré la passivité relative du lecteur, celui ci à quand même quelques énigmes à résoudre.
Peu encline à spoiler les futurs lecteurs, je dirais simplement que la fin marque l'apothéose de la réflexion. Subitement, les pièces du puzzles peuvent se mettre en place, et c'est avec un plaisir et une frustration d'égales importance mais tout aussi jouissive que l'on parcours les dernières pages, réalisant ce que l'on avait manqué ou noté.
Une fin inhabituelle pour un Chattam, et qui m'a d'abord fait bondir, avant que je ne réalise que si je réagissait de la sorte, c'est que l'auteur a du talent.
Du talent, il en a pour planter les décors, les ambiances, les émotions. Comme dans ses précédents ouvrages du type, Chattam nous plonge instantanément dans son histoire par la magie des mots.
Cette histoire est quand a elle nourrit de personnages toujours aussi bien pensés -quoi que bien différent de ceux auxquels il nous avait accoutumé- et l'on ne tarde pas à les aimer, les détester, les plaindre, les juger bref, à les sentir vivants.
L'angle choisit par l'auteur pour raconter son histoire est originale vis à vis du reste de son oeuvre globale et n'est pas désagréable du tout. Ici, nous ne dressons pas notre portrait de l'assassin d'après les pistes des enquêteurs et les profils des psychologues : nous créons notre propre image du tueurs, apprenons à le comprendre directement, sans le truchement des avis extérieurs (ironique sachant que nous lisons son histoire relatée par un tiers tout de même !).
Enfin bref, si Que ta volonté soit faite n'est pas mon préféré parmi les Chattam, il se place en bonne position. Émotion, imagination, réflexion, ce livre m'aura fait vibrer pendant la journée qu'il m'aura fallut pour le lire et son objectif est atteint : ma volonté fut (partiellement remarquez, car ce n'est pas ce que je voulais réellement), faite.