Bouleversant. Quel autre mot utiliser après cette lecture ?
Lola Lafon nous emmène passer une nuit au Musée Anne Frank et dans son Annexe, la cachette dont elle est restée, avec sa famille, pendant plusieurs mois, avant d’être dénoncée et déportée.
Pourtant, ce livre est bien plus que le récit de la vie des derniers mois de la jeune femme. Il est également bien plus que l’Histoire de cette nuit. Ici, les fantômes du passé réapparaissent. Ils n’ont en réalité jamais disparu. Car ceux qui ont vécu l’enfer, – et c’est un euphémisme car aucun mot ne pourra jamais décrire l’horreur des camps – sont condamnés à rester immortels. Pour que jamais ne s’oublie ce passé.
Sans exubérance, ni jugement, Lola Lafon revient sur la vie presque normale que vivaient les 8 occupants de l’Annexe. Car c’est par le témoignage de survivants ou d’agents du Musée que Lafon s’exprime. Elle n’est in fine qu’une passeuse de mots. Une héritière d’un passé si lourd à porter qu’elle-même, modestement, avoue sentir une forme de gène en passant cette nuit au milieu du mobilier d’époque. Rien n’était possible, le moindre bruit pouvait signer la déportation. Alors, il fallait s’occuper autrement et c’est ainsi qu’au fil des jours, le Journal d’Anne Frank s’étoffait.
Au cours du récit, un débat fait son apparition : celui de la réhabilitation d’Anne Frank comme écrivaine. Oui, son journal n’était pas un simple secret intime d’adolescente mais une véritable œuvre qu’elle travailla encore et encore.
Inutile d'écrire plus de mots, seul le silence résultant de cette lecture pourrait terminer cette critique.