Pulp
7.4
Pulp

livre de Charles Bukowski (1994)

Louis-Ferdinand Céline n’est pas mort, il fréquente assidument une librairie de Los Angeles et semble ne pas avoir vieilli d’un pouce. Pour réparer ce couac du destin, la Grande Faucheuse en personne engage Nick Belane le détective le plus looser de tous les temps. Là dessus, un homme le charge également de retrouver le Moineau Ecarlate. Vous n’avez aucune idée de ce que c’est ? Nick Belane non plus. En parallèle, le voilà également recruté par un mari jaloux afin de prendre sa femme en flagrant délit d’adultère. Mais Nick Belane est le meilleur, il réussira à débarquer en plein milieu des ébats de l’épouse volage avec … son mari… Vous trouvez que ça fait beaucoup ? Eh bien ce n’est pas fini. Ajoutez à ça une inquiétante histoire de monstres venus de l’espace pour prendre possession de notre si belle planète.

Déjanté, loufoque, complètement barré, voilà ce qu’est Pulp, dernier roman du grand Buck. Mais attention, ne vous attendez pas à de la grande aventure. Le résumé est alléchant mais ça reste du Bukowski. Et comme il le dit lui-même, Pulp n’est qu’une parodie de roman policier qu’il dédie à la littérature de gare. C’est tout dire. En conséquence, les péripéties de notre détective en or ne sont pas le plus intéressant.
Ecrit alors qu’il était très malade et se savait condamné, Pulp reflète l’état d’esprit dans lequel se trouvait Bukowski à cette époque de sa vie. L’ombre de la mort si proche plane sur tout le roman et Buck porte un regard d’ensemble acéré sur le sens de la vie. En résultent de nombreux passages assez pessimistes mais pourtant plein de lucidité.

« L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattache à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant, on se raccroche à n’importe quoi. »

« Quelle invention diabolique que les dents ! On s'en sert pour manger. Manger et remanger. Nous sommes vraiment des êtres répugnants, programmés pour nous épuiser, notre vie durant, à accomplir de sordides petites tâches. Se remplir le ventre et lâcher des pets, nous gratter l'échine et nous souhaiter de joyeuses fêtes avec le sourire de circonstance. »

«Depuis le seuil, je jetai un œil sur le club-house. Juste une belle brochette de vieux friqués. Comment avaient-ils fait ? Et de combien d’ailleurs avons-nous besoin ? Car, finalement, toute cette thune, on en fait quoi ? Tous, nous allons casser notre pipe, et néanmoins la plupart d’entre nous s’esquintent la santé à grappiller deux, trois biffetons de plus. Un jeu de débiles. Pouvoir encore enfiler ses chaussures chaque matin que Dieu fait, n’est-ce pas la plus grande des victoires ? »

Bref, on y retrouve bien la patte Bukowski et les éléments qui ont fait son univers, alcool, femmes, mais aussi la littérature avec quelques clins d’œil à ses auteurs préférés comme Fante et bien sûr Céline.
Voilà, 3ème roman que je lis de cet auteur et il m’a encore surprise et conquise.
Cherry_Livres
7
Écrit par

Créée

le 22 févr. 2014

Critique lue 354 fois

1 j'aime

Cherry_Livres

Écrit par

Critique lue 354 fois

1

D'autres avis sur Pulp

Pulp
lultrafame
7

-Et donc Céline, il est mort ou... -T'occupe.

Oui, c'est vrai que c'est facile. La même avec Salinger. Je veux dire, dès que t'écris en argot, forcément t'es rangé chez les écrivains cools. On espère au moins que tu partageras ton dealer avec...

le 5 juil. 2010

7 j'aime

2

Pulp
alixbloomberg
4

Critique de Pulp par alixbloomberg

« Pulp », abréviation de « pulp magazines » désigne les magazines bon marché (environ 10 cents) très populaires aux US durant la première moitié du XXe siècle qui publiaient de la fiction sur des...

le 27 nov. 2012

6 j'aime

Pulp
Sylfaen
9

Critique de Pulp par Julien Camblan

Un des seuls romans presque "conventionnels" de Bukowski. On tient là un polar noir teinté de vulgarité et de situations absurdes. On suit un vieux détective qui ne sait pas bien pourquoi il mène une...

le 29 juin 2010

6 j'aime

Du même critique

Journal d'un vieux dégueulasse
Cherry_Livres
9

Critique par Aaliz

Les gens ont parfois besoin qu’on leur mette une grande claque dans la trogne et faut reconnaître que le grand Buko excelle en la matière. D’entrée de jeu, rien qu’avec le titre, il nous met dans...

le 22 févr. 2014

9 j'aime

Les Cavaliers
Cherry_Livres
10

L'Afghanistan ... avant...

Participer au bouzkachi royal de Kaboul, chevaucher à travers les hauts sommets et les vallées de l’Hindou-Kouch, parcourir les allées du bazar et rester bouche-bée devant les gigantesques statues de...

le 22 févr. 2014

4 j'aime

Karoo
Cherry_Livres
10

Critique de Karoo par Aaliz

J’espère vraiment que le phénomène de la liseuse et des e-books ne mettront pas un terme au livre papier. Comment aurais-je pu flasher sur Karoo sans accroche visuelle ? Son design épuré, naturel,...

le 22 févr. 2014

2 j'aime

3