La préface de l'édition française de 2007 commence avec une citation de Naom Chomsky : "La propagande est à la démocratie ce que la violence est à un État totalitaire." Autrement dit, le parti pris de l'éditeur est évident. Il ne s'agit pas de faire l'apologie des conséquences néfastes engendrées par Edward Bernays. En effet, lorsqu'on sait l'influence qu'a eu cette homme sur le XXe siècle, on va naturellement prendre du recul sur ses propos, et à juste titre selon moi.
Bernays fut en quelque sorte un génie de la communication proposant ses services aux plus offrants, théorisant et pratiquant la propagande au profit de ses "clients". Il se complaisait probablement dans son idéal : celui d'un homme de l'ombre soufflant les méthodes de persuasion les plus efficaces aux hommes du devant de la scène. Si bien qu'il romantise dans son ouvrage ce rôle.
Cet homme propose ainsi sa "bombe nucléaire" tout en se protégeant à l'avance par l'idée suivante, en parlant de la propagande : "Rien ne permet de garantir qu'elle ne sera pas abusivement employée". Il essaye de diffuser une éthique de la propagande dont il se convint lui-même du bien fondée, et pourtant il ne semble pas avoir utilisé avec efficacité la propagande pour diffuser cette éthique au plus grand nombre.
Et c'est bien là le cœur du problème, Bernays lui-même est conscient du potentiel de nuisance, mais probablement pas suffisamment. Bien qu'il soit difficile d'anticiper des génocides dû à des régimes totalitaires dans une société américaine en pleine croissance, cela ne justifie pas certains arguments de son discours. C'est en cela qu'il faut bien sûr remettre l’œuvre dans son contexte, c'est-à-dire à l'apogée de la puissante expansion des années 20, avant la Grande Dépression des années 30. De là à dire que nous reproduisons ce schéma en début de XXIe siècle, il n'y a qu'un pas...
Malgré tout ce que l'on peut reprocher à l'auteur et son œuvre, l'homme bien intentionné peut tout de même tirer de cette ouvrage une connaissance utile. Il pourra faire preuve de discernement et tirer parti de ce savoir pour propager ses idées pour des intérêts de bien commun, notamment pour la réduction de l'empreinte écologique de l'Homme (entre autres). Encore faut-il bien définir le bien commun, et ne pas se tromper à ce sujet, au risque d'obtenir l'effet inverse.